Santé. Cancer du sein triple négatif : ce médicament pris avant la chirurgie qui pourrait tout changer

Les cancers du sein triple négatif affectent près de 15 % des patientes sur les 61 000 cancers du sein diagnostiqués chaque année en France.
Très agressif, il est aussi particulièrement difficile à traiter car insensible aux traitements hormonaux - œstrogènes et progestérones - et aux traitements ciblant la protéine HER 2 ; c’est pourquoi il a été baptisé « triple négatif ».
La maladie, de mauvais pronostic, touche souvent les femmes jeunes qui présentent une prédisposition génétique (les mutations héréditaires BRCA1 et BRCA2).
Actuellement, le traitement standard consiste à réduire la tumeur par chimiothérapie et immunothérapie puis à la retirer chirurgicalement. Les trois ans qui suivent sont cruciaux, avec des risques de décès et de récidive élevés.
100 % des patientes ont survécu 3 ans après l’opérationUne nouvelle approche thérapeutique pourrait bien révolutionner le traitement des cancers “triple négatif”. L’essai Partner, mené par des chercheurs de l’université de Cambridge (Angleterre), a testé l’ajout d’Olaparib associé à une chimiothérapie, avant la chirurgie.
Ce médicament a déjà montré une certaine efficacité en post-opératoire, pour empêcher les récidives chez les femmes porteuses de la mutation BRCA.
Au Royaume-Uni, il est prescrit aux patientes pendant 12 mois après l’opération. Dans cet essai, les participantes l’ont pris durant les 12 semaines qui précédaient.
Le médicament a ainsi été administré avant la chirurgie, 48 heures après la chimiothérapie. Selon les résultats, publiés le 13 mai dans la revue Nature Communications, sur les 39 patientes qui avaient subi une chimiothérapie et pris l’Olaparib, une seule d’entre elles a vu son cancer récidiver et 100 % ont survécu dans les trois ans qui ont suivi.
En comparaison, le taux de survie du groupe témoin était de 88 % trois ans après l'opération. Sur les 45 patientes qui constituaient ce groupe, ayant reçu uniquement une chimiothérapie, neuf ont rechuté, dont six sont décédées.
« Il est rare d'obtenir un taux de survie de 100 % dans une étude comme celle-ci, et pour ces types de cancer agressifs. Nous sommes extrêmement enthousiastes quant au potentiel de cette nouvelle approche, car il est crucial de trouver un moyen de traiter et, espérons-le, de guérir les patients diagnostiqués avec des cancers liés aux gènes BRCA1 et BRCA2 », s’est réjoui le Pr. Jean Abraham, responsable de l’essai à l’hôpital Addenbroke appartenant au Cambridge University Hospitals (CUH).
Ces résultats très prometteurs doivent encore être validés par une étude de grande ampleur.
Mais on peut d’ores et déjà imaginer que ce traitement pourrait être appliqué à d’autres cancers dans lesquels les gènes BRCA sont impliqués – ovaire, prostate et pancréas.
Comment fonctionne l’Olaparib ?Il s’agit d’un inhibiteur de PARP, une famille de protéines qui participent à la réparation de l’ADN, de même que la protéine BRCA. Dans le cancer du sein triple négatif, les gènes BRCA 1 et BRCA 2 ne fonctionnent plus normalement et ne remplissent plus ce rôle de réparation.
Les cellules mutées sont alors dépendantes de PARP pour être réparées. Mais les inhibiteurs de PARP empêchent la cellule cancéreuse d’y avoir recours.
Sans aucun système de réparation disponible, les erreurs sur l'ADN s’accumulent. Celles-ci ne pourront donc pas être réparées, ni par PARP, ni par BRCA, et ce qui entraîne la mort des cellules cancéreuses.
Source : University of Cambridge , Pactonco.fr
Le Bien Public