L'éclosion fulgurante de Towo-Nansi, plus jeune pro du Championnat
Sa pointe de vitesse, sur un ou deux départs éclairs, a réussi à désarçonner Nadir Hifi, le Prince de Paris. S'il n'a pas été en réussite dimanche dans une Adidas Arena comble dans la capitale (1 point, 0/3 à 3 points, 4 passes, 4 fautes, défaite des siens 84-107), le meneur de Cholet Aaron Towo-Nansi n'a pas ménagé ses efforts et a tout de même capté la lumière. Vitesse, implication en défense, initiatives mesurées mais incisives, sens du placement... Ses 15 minutes sur le parquet laissent peu de doute sur son potentiel. Les équipes de com de la Ligue et du champion de France ne s'y étaient pas trompées, imaginant sur leurs réseaux en avant-match des visuels mettant face à face les deux arrières petit format, thématisant l'opposition sur le « futur » du basket français.
Et pour cause. Si Nadir Hifi (1,84 m, 23 ans) fait déjà partie du sérail, sélectionné pour le dernier Euro, tout s'est accéléré il y a une semaine pour Towo-Nansi (1,78 m, 16 ans). Le natif de Rennes a explosé les compteurs lors d'une première mi-temps mémorable à Villeurbanne : 15 points (5 sur 7 au tir), inscrits en moins de dix minutes, avant la mi-temps, face à l'Asvel, victoire de prestige à la clé (87-85) pour CB. Il a ajouté 3 rebonds, 2 passes, 2 interceptions et 4 fautes provoquées à sa partition devant un illustre joueur formé... à Cholet, et de vingt-deux ans son aîné, Nando De Colo.
Comme une promesse, pour le plus jeune pro du Championnat, également le plus jeune de l'histoire du club des Mauges à signer pareil coup d'éclat, plus tôt qu'Antoine Rigaudeau, Rodrigue Beaubois ou Killian Hayes. « Il avait déjà connu de belles sorties, contre Boulazac (8 points en 16 minutes le 3 octobre), Bursa en Ligue des champions (11 points 4 passes en 17 minutes le 19 novembre). Mais on peut dire que c'est son premier match référence à l'extérieur, avec cette première mi-temps pleine de culot et d'énergie, salue son entraîneur Fabrice Lefrançois. Surtout, il n'y a pas que le scoring. Il défend bien, vole des ballons (deux dans les mains de Thomas Heurtel). Mais il est en train de développer autre chose. Il a des flashes qui ne sont que le début de ce qu'il va devenir. »
Cholet achève ce mardi, à la Meilleraie contre Monaco, une série de trois matches face aux écuries d'Euroligue. Son succès contre l'Asvel lui a ôté toute pression. Et pour Towo-Nansi, élevé à bonne école, dans une famille de basketteurs, l'occasion est belle de continuer à se tester face à la crème des jeunes talents à son poste, avec le même profil. Ce mardi soir, ce sera Matthew Strazel, 1,82 m, quadruple champion de France et vice-champion olympique à... 23 ans. Forcément un modèle, comme il le racontait dimanche avant de sauter dans le bus. « J'ai plus grandi en étant fan de NBA que d'Euroligue », glisse l'international U16 (5e du dernier Euro), de la même génération qu'un autre prospect NBA, Nathan Soliman. « Mon idole ? Mon père (qui a joué en N3). Le joueur dont je m'inspire le plus est Kyrie Irving, pour son handle (maniement du ballon et dribble), le un-contre-un. Après, en Europe, j'adore Sylvain Francisco (Kaunas), Nadir, Matthew... Forcément, car j'ai un gabarit similaire. Le basket a évolué. Les grands shootent de plus en plus, et on voit des meneurs de petite taille prouver qu'ils peuvent jouer. Les coaches commencent à en reprendre. C'est inspirant pour moi. »
« C'est enrichissant de jouer contre des joueurs de ce niveau (Nando De Colo, Thomas Heurtel). Mais sur le terrain, il n'y a pas de "légendes" ou de joueurs plus forts. On fight »
Aaron Towo-Nansi après son match contre l'Asvel le 14 décembre
« Nous ne sommes pas tant dans une logique d'intégration que d'accompagnement, pour optimiser son potentiel, décrit Lefrançois. Aaron est jeune mais à l'écoute, travailleur. Il a beaucoup de maturité dans les relations, l'analyse, il est cultivé, peut tenir des discussions avec des gens de 25-30 ans. Après, sur son poste, il possède déjà un leadership naturel. Il a évolué positivement sur son tir à 3 points. Il doit maintenant trouver l'équilibre entre garder son grain de folie et progresser dans l'organisation collective. On y travaille. »
Bien entouré par les JFL de son vestiaire, Nathan De Sousa, Gerald Ayayi, Mo Diarra et Digué Diawara, ainsi que le meneur vétéran TJ Campbell, qui le vaccinent contre tout excès de confiance, le numéro 79 continue de voguer entre les espoirs (U21), où il fait de réguliers cartons offensifs, et l'équipe pro, où son rôle croît de semaine en semaine (8,4 minutes, 3,7 points). MVP de la finale de Coupe de France U18 à 15 ans, il dit se sentir physiquement prêt pour la Betclic Élite, mais estime devoir encore s'ajuster au niveau défensif. Et se montre aussi entreprenant dans ses premières interviews que sur les planches. Après sa sortie à l'Astroballe, il avait ainsi déclaré : « C'est enrichissant de jouer contre des joueurs de ce niveau (Nando De Colo, Thomas Heurtel). Mais sur le terrain, il n'y a pas de "légendes" ou de joueurs plus forts. On fight. »
On lui a demandé de revenir sur cette phrase : « J'ai dit ça sérieusement, pas pour faire rire ou vexer qui que ce soit, sourit-il ingénument. Quand j'entre sur le terrain, je ne fais pas attention à qui est en face. Aujourd'hui (dimanche) c'était Nadir Hifi et c'est une fierté. Mais je vais donner 100 % pour l'empêcher de marquer. On a tous deux bras, deux jambes, une tête. C'était ça, mon message. Chacun fait avec ses armes. » Et lui est déjà sacrément bien armé pour l'avenir.
L'Équipe



