Problème de plomberie

Dans le cadre de la restructuration de notre administration locale, nous rencontrons un problème. Un problème de plomberie.
Lorsqu'on a un problème de plomberie, plusieurs options s'offrent à nous : faire appel à un plombier professionnel ayant fait ses preuves ; appeler le bricoleur qui a dépanné notre voisin ; ou essayer de résoudre le problème nous-mêmes.
Faire appel à un professionnel sera initialement plus coûteux – ce qui nous décourage, car un bricoleur pourrait résoudre le problème pour moins cher, et nous pouvons nous-mêmes regarder deux ou trois vidéos sur YouTube et être capables de gérer la tâche.
Je dirais que la plupart d'entre nous appartiennent à la deuxième ou à la troisième catégorie : on se débrouille et on tient le coup un peu plus longtemps – on économise quelques sous. On est les meilleurs ! Mais cet esprit se retrouve partout, de la plomberie au gouvernement ; on trouve une solution et on verra bien.
Ce que l'on voit le plus souvent, ce sont des politiciens qui s'imposent de force sur les chaînes de télévision.
Alors, que fait concrètement un homme ou une femme politique ? Où étudie-t-on pour devenir homme ou femme politique ? Quel genre de cursus est-ce ? Où se déroulent les stages ? Que fait concrètement un homme ou une femme politique ?
Un homme politique peut être médecin, enseignant, gestionnaire, avocat… il peut être n'importe quoi, et ensuite il élabore une stratégie pour nous convaincre de voter pour lui. De voter pour lui parce que ce sera mieux pour nous ! Pour nous collectivement, pour le système démocratique.
En général, la stratégie d'un médecin, d'un professeur ou d'un avocat consiste à adhérer à un parti politique, en s'affiliant à une sorte d'entreprise de plomberie qui considère un certain type de tuyau comme supérieur à un autre. Ce plombier gravit ensuite les échelons du parti en fonction de son ambition et de son charisme, qualités essentielles pour passer de plombier à homme politique.
Ici, un accord tacite est établi entre le parti et l'homme politique : le parti sert l'homme politique en le promouvant et en l'introduisant dans l'arène politique ; et l'homme politique, à son tour, sert le parti en attirant des sympathisants et des électeurs.
Mais n'oublions pas ce dont nous avons besoin ! Il nous faut un plombier ! Il y a une fuite d'eau, qui va la réparer ? On a déjà mis un chiffon dessus, mais il est en train de céder !
Incroyable ! C'est un homme politique qui va réparer notre canalisation !
Un politicien à tendance idéologique plus à gauche ou plus à droite, un politicien qui apporte tout son arsenal : idées, projets, études, voire un diplôme d'ingénieur ! Et il ne vient pas seul. Il vient avec une équipe. Et cette équipe apporte : plus de médecins, d'enseignants, d'avocats, de spécialistes techniques en « choses », formulaires, applications, opinions, et encore plus d'études… et notre flux est incessant !
Nous avons juste besoin d'un plombier !
Un professionnel doté d'une boîte à outils adaptée à la tâche qu'il va accomplir. Mais, à part ça, nous avons tout un système de personnes inflexibles, de techniciens soumis au pouvoir politique, aux intérêts partisans et personnels, et d'avocats qui tournent en rond !
Le système est une création interne ; nous sommes pris dans un enchevêtrement si complexe et si vaste qu'à un certain point, nous ne savons plus si c'est la canalisation à réparer ou le tableau électrique qui pose problème. À un certain point, nous ne savons même plus si c'est le plombier qui s'occupe des canalisations. Parce que lui, il connaît les canalisations.
Nous avons placé nos espoirs dans le gouvernement.
Le gouvernement est composé de politiciens, ces êtres hybrides, ces couteaux suisses qui font tout. Et en plus de tout faire, c'est un être profondément altruiste que nous choisissons parce qu'il défendra nos intérêts avant tout, même si cela implique de faire appel à un escroc déguisé en médecin.
Ce romantisme naïf, cette croyance en un filet de sécurité gouvernemental qui nous couvre et nous protège, est le nôtre ; ces politiciens, dans leur orgueil et leur suffisance, n'appellent même pas le plombier.
C'est ce qui nous empêche d'avancer.
Les gouvernements, et plus particulièrement les partis politiques, forment une sorte de fraternité de camarades partageant certaines idées et certains principes et qui s'unissent pour des raisons stratégiques et opportunistes. Ils s'attribuent des mandats ainsi qu'à leurs alliés.
Ne serait-il pas plus simple d'appeler un plombier ?!
Mais appeler le plombier serait un acte révolutionnaire, un acte d'un courage exceptionnel ! Un acte qui déplairait sans doute au parti.
Car notre plombier serait une personne libre et indépendante, un technicien possédant une véritable connaissance du sujet, une personne apolitique au sens partisan du terme, avec un regard extérieur sur le système, dans le but précis d'accomplir la tâche dans les délais impartis.
Ce professionnel ne serait pas un technicien d'État de haut niveau ; il ferait partie d'une entreprise dotée d'objectifs de direction clairs et serait rémunéré en fonction de son efficacité à atteindre ces objectifs.
Voici le système que j'aimerais voir se mettre en place : des hommes politiques élus sur la base de leurs programmes et de leurs idées, mais avec une mise en œuvre externe professionnelle selon un modèle commercial.
Nous avons un système démocratique, mais un système démocratique fondamentalement monarchique, même avec une opposition, et le droit de troquer une mauvaise situation contre une autre tous les quatre ans.
Un système de solutions disparates, avec peu de capacité d'exécution et de réforme : être homme politique n'est pas une compétence technique, c'est une compétence sociale.
Et la canalisation continue de fuir.
observador


