Fabien Roussel confirme le soutien du PCF au 10 septembre : «On pourrait dire “qu’ils se démerdent”, moi je serai à l’écoute»

La stratégie ne fait pas l’unanimité chez les militants communistes croisés dans les allées du palais des congrès de Montpellier où se déroulent les universités d’été du PCF ce week-end. Si ces derniers sont plutôt habitués à suivre les mobilisations lancées par les syndicats, cette fois-ci leur secrétaire national, Fabien Roussel, veut rompre avec la tradition. Ce samedi 23 août, à l’occasion d’une discussion avec ses camarades centrée sur le travail, le thème de son nouveau livre (1), l’ex-député du Nord les a enjoints à prendre part au mouvement Bloquons tout, prévu le 10 septembre.
«Le 10 septembre, il y aura sûrement des gens qui rejettent les partis et les syndicats, mais tout est fait pour dégoûter les gens de la politique. On pourrait dire “qu’ils se démerdent”, moi je serai à l’écoute», affirme celui qui est à la tête du PCF depuis bientôt sept ans. La mobilisation, lancée sur les réseaux sociaux, pourrait rappeler celle des gilets jaunes en 2018 qui avaient clamé leur défiance envers les partis politiques et les syndicats. Mais pas de quoi rebuter Roussel. «Nous verrons bien les mots d’ordre, qui ne seront peut-être pas les mêmes à Marseille ou à Valenciennes, mais il vaut mieux être dans ces discussions que d’être spectateurs», insiste-t-il.
Ces mots d’ordre pourraient très bien être aussi sociaux que, pour certains, nationaux ou proches des revendications du Rassemblement national (RN). Si elle a, depuis, aussi adopté des propositions de gauche, la mobilisation a été évoquée dans un premier temps sur un compte TikTok d’extrême droite prônant «une France souveraine» attachée «aux racines chrétiennes de la France» et réclamant, entre autres, le «Frexit».
Mais alors qu’en introduction des échanges, Fabien Roussel appelait déjà à l’union des travailleurs, «dans un pays de plus en plus fracturé où tout est fait pour nous opposer : les salariés entre eux, ceux qui ont un travail et ceux qui n’en ont pas», il rappelle ses fondamentaux à ses militants : «La base d’un communiste c’est d’écouter, de comprendre et de nourrir l’alternative. Ce n’est pas en disant “on ne leur parle pas parce qu’ils votent RN” qu’on va rassembler». Et le maire de Saint-Amand-les-Eaux, battu aux législatives de 2024 par un lepéniste, d’insister : «Plutôt que de dire que le fascisme est à nos portes, je préfère écouter pourquoi un ouvrier est en colère et avoir un dialogue. C’est notre travail de communistes.».
Une stratégie d’ouverture que Fabien Roussel explique par la nécessité de se rassembler face «aux plus riches qui mènent une guerre de classe en affaiblissant l’Etat, les services publics, les communes». Dans la ligne de mire du communiste, le projet de budget et les 44 milliards «d’effort» pour 2026 présentés par François Bayrou en juillet. «Quand eux agitent la question de la dette, nous disons non. La question n’est pas la dette, c’est de répondre aux besoins des citoyens qui ont du mal à vivre dignement, même quand ils travaillent. C’est notre préoccupation première», assure-t-il.
Avant de plaider en faveur un plan d’investissement massif pour «produire des richesses, pas pour gaver des actionnaires, mais pour répondre aux besoins du pays et reconquérir des filières essentielles». Pas sûr que ce plan soit défendu par ses concurrents à gauche : en tête de ces secteurs stratégiques, le chef du PCF place la métallurgie, pour laquelle il assure qu’il faudra «investir dans le nucléaire et ce sera non négociable». Message transmis aux écologistes.
(1) Le Parti pris du travail de Fabien Roussel avec Laurent Watiez, éditions du Cherche Midi, 160 pp., 14,90 €.
Libération