En Grèce, main basse sur les ONG qui vont à l’encontre de la politique migratoire

Les organisations non gouvernementales accusées d’aller à l’encontre de la politique migratoire du gouvernement conservateur risquent leur suspension. Cette mesure, qui s’inscrit dans la politique autoritaire de Thanos Plevris, ministre des Migrations, fait grincer les dents de la presse d’opposition.
Le gouvernement grec lance sa chasse aux ONG. Poursuivant sa politique de criminalisation de la migration, Athènes veut mettre au pas les organisations non gouvernementales et acteurs de la société civile qui n’adoptent pas le discours gouvernemental. “Le ministre des Migrations, Thanos Plevris, prépare la suppression des registres officiels de toutes les ONG qui, d’une manière ou d’une autre, s’opposent à la politique migratoire du gouvernement”, annonce ainsi Kathimerini.
Depuis la mise en place en 2020 d’un registre officiel des organisations non gouvernementales œuvrant sur les questions migratoires, près de cent ONG ont aujourd’hui accès aux structures mises en places par l’État.
“Au fil du temps, on a observé un phénomène d’ONG inscrites au registre qui s’opposent aux décisions de l’État grec ou à la politique migratoire. Les dirigeants actuels ont constaté une intensification du comportement anti-institutionnel de certaines ONG”, justifie le quotidien de centre droit.
“Alors que l’État incite officiellement les immigrés illégaux à partir volontairement ou à coopérer et à être rapatriés, des ONG disposant d’un accès officiel aux structures les exhortent à faire exactement le contraire. La suppression de ces ONG mettra fin à leur accès à ces structures et, par conséquent, à ces phénomènes”, croit Kathimerini, adoptant ainsi la posture du gouvernement conservateur.
La Grèce a annoncé cet été un nouveau cadre législatif répressif sur les migrations, et a récemment décidé la suspension pour trois mois du traitement des demandes d’asile après que les arrivées depuis la Libye ont augmenté.
“Thanos Plevris veut prouver qu’il pensait ce qu’il disait quand il estimait que la protection des frontières ne peut être efficace sans mort”, grince le quotidien de gauche Efsyn. Ancien membre du parti d’extrême droite Laos, Thanos Plevris avait été nommé ministre de la Santé du gouvernement conservateur de Nouvelle Démocratie en 2021. Il est devenu ministre des Migrations cet été, remplaçant un autre ancien député du Laos, Makis Voridis.
“Le ministère devrait soutenir les ONG et non les cibler”, s’est émue la rapporteuse spéciale auprès des Nations unies Mary Lawlor, tandis qu’Amnesty international a regretté “des déclarations inquiétantes” et appelé le gouvernement à “travailler avec la société civile pour améliorer le traitement des personnes qui cherchent une protection en Grèce”.
“Comment peut-on penser qu’un gouvernement composé de membres de l’extrême droite puisse avoir un quelconque respect du libéralisme et des institutions ?” interroge, dépité, News247. “Le gouvernement actuel est très éloigné du modèle libéral, ayant totalement adopté l’‘orbanisme’, peut-être plus que tout autre gouvernement européen”, tance le pure player d’opposition.
“Le show de Thanos Plevris sert de campagne publicitaire pour le projet de loi que son ministère a soumis au Parlement et qui devrait être voté début septembre”, ironise de son côté Ta Nea. Sans positionnement idéologique mais avec pragmatisme, le quotidien grec rappelle que “le continent a besoin de travailleurs pour les emplois que les Européens ne veulent pas – ou ne peuvent plus – occuper.”
Courrier International