Ces diplômes prestigieux (ou inattendus) détenus par les principaux dirigeants politiques français

En France, les hautes sphères du pouvoir sont souvent synonymes de hautes études. Si certaines figures politiques ont suivi les voies royales des grandes écoles, d'autres ont emprunté des chemins plus singuliers. De l’ENA à la fac de droit, en passant par HEC ou même Saint-Cyr, les parcours académiques de nos dirigeants en disent long sur leur vision de la politique et leur style de gouvernance.
L’École nationale d'administration (ENA), souvent critiquée mais longtemps considérée comme la « fabrique des élites », a formé plusieurs présidents de la République. Emmanuel Macron, actuel chef de l’État, est un pur produit de l'élite administrative. Diplômé de Sciences Po Paris, il intègre l'ENA en 2002, dans la promotion "Léopold Sédar Senghor". Avant cela, il obtient un DEA de philosophie, illustrant un profil à la croisée des sciences humaines et du pouvoir technocratique.
François Hollande, président de 2012 à 2017, a lui aussi fréquenté les bancs de l’ENA. Il en sort diplômé en 1980, dans la fameuse promotion "Voltaire", qui compte également Ségolène Royal et Dominique de Villepin. François Hollande affiche un parcours scolaire complet : HEC, Sciences Po, puis l’ENA.
Plus tôt, Jacques Chirac, président de 1995 à 2007, avait lui aussi suivi cette voie royale : Sciences Po, ENA, mais aussi un passage remarqué par Harvard. En revanche, son prédécesseur, François Mitterrand, déroge à la règle : il n’est pas énarque, mais juriste de formation, diplômé en droit et sciences politiques. Cela ne l’a pas empêché de gouverner pendant 14 ans.
Les ingénieurs et les technos : une autre voie vers MatignonDu côté des Premiers ministres, les profils sont tout aussi impressionnants. Élisabeth Borne, cheffe du gouvernement entre 2022 et 2024 (et actuelle ministre de l'Education), est ingénieure de formation. Diplômée de Polytechnique (promotion 1981) et des Ponts et Chaussées, elle incarne le retour des techniciens aux commandes. Avant elle, Jean Castex avait suivi un parcours plus administratif, classique : Sciences Po, puis l’ENA.
Dominique de Villepin, quant à lui, illustre le profil du haut diplomate. Également issu de l'ENA (promotion Voltaire), il a complété sa formation à Sciences Po. Homme de lettres et de discours, il s’est forgé une image plus intellectuelle que gestionnaire.
Des profils inattendus aux portes du pouvoirNicolas Sarkozy, élu en 2007, ne coche pas les cases traditionnelles des grandes écoles. Il est titulaire d’un DEA de sciences politiques, obtenu à Paris X-Nanterre, et a prêté serment comme avocat. Il est l’un des rares présidents à ne pas avoir fréquenté l’ENA ni Sciences Po. Ce qui ne l’a pas empêché de gravir les échelons rapidement.
Autre figure non issue de ces grandes écoles : Marine Le Pen. Elle est diplômée en droit de l’université Paris II-Assas. Elle a obtenu un DEA en droit pénal avant de devenir avocate. Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon affiche aussi un parcours universitaire classique, mais engagé : licence de philosophie, puis CAPES de lettres modernes, obtenu en 1976.
Enfin, Jean Lassalle, député et figure atypique du paysage politique, a suivi une formation de technicien agricole spécialisé dans l'hydraulique et l'aménagement du territoire. Philippe Poutou (désormais reconverti comme libraire), quant à lui, est ouvrier de formation, sans diplôme universitaire. Ces profils atypiques rappellent que la politique peut aussi être le fruit de l’expérience de terrain, bien plus que celle des amphithéâtres.
Grandes écoles et République : une alliance qui interrogeDerrière ces CV prestigieux se cache une réalité politique : la haute fonction publique française reste largement dominée par une élite issue des mêmes écoles. Si l’ENA a été supprimée en 2021 pour devenir l’Institut national du service public (INSP), la question de la diversité des parcours reste d’actualité. Les Français sont de plus en plus nombreux à réclamer des dirigeants "issus du peuple", porteurs d’expériences concrètes plutôt que de théories technocratiques.
En attendant, les grandes écoles comme HEC, Polytechnique, Sciences Po ou l’ENA continuent d’alimenter la classe politique française. Et si quelques figures parviennent à émerger hors de ces circuits, elles restent encore l’exception plus que la règle.
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