Jannik Sinner réussit son retour pour son premier match après sa suspension de trois mois pour dopage

Son dernier coup de raquette en compétition remontait au 26 janvier et sa finale victorieuse à l’Open d’Australie face à l’Allemand Alexander Zverev. Quelques semaines plus tard, le tennisman Jannik Sinner concluait un accord avec l’Agence mondiale antidopage (AMA) : trois mois de suspension pour deux tests positifs au clostebol, une substance interdite, en mars 2024.

Forcément, le numéro un mondial sait que son grand retour devant son public, au Masters 1000 de Rome, après une longue période loin des courts « suscite beaucoup d’attention », comme il l’avait reconnu lui-même en conférence de presse avant le tournoi. Beaucoup de doutes, aussi, quant à son « niveau de jeu » – il n’a pu reprendre officiellement l’entraînement que le 13 avril –, et les réactions des spectateurs autant que des autres joueurs du circuit, dont plusieurs ont déploré un traitement de faveur des instances et une peine trop légère.

Sur le premier point, le Transalpin de 23 ans a déjà un peu rassuré, samedi 10 mai, en tenant son rang pour son entrée en lice, face à Mariano Navone, 99^e au classement ATP. L’Argentin, d’un an son aîné, a culminé au 24^e rang mondial en juin 2024, mais il n’avait pour meilleur résultat cette saison qu’un quart de finale à Buenos Aires.

Les deux hommes ne s’étaient jusqu’alors jamais affrontés et de cette première, Jannik Sinner gardera sans doute le souvenir d’un beau combat – Mariano Navone, spécialiste de la terre battue lui a offert notamment de la résistance dans le second set. Mais le héros local a fini s’imposer après 1 h 38 de jeu, 6-3, 6-4, concluant la partie d’un service gagnant qui a provoqué la joie des tifosi, venus en nombre assister à la rencontre sur le Campo centrale.

Le triple vainqueur en Grand Chelem (Open d’Australie 2024 et 2025, US Open 2024) n’avait, il faut dire, plus de grandes inquiétudes quant à la réaction du public à son encontre, lui qui avait été accueilli avec ferveur au Foro Italico lors de ses sessions d’entraînement précédant ses débuts dans la compétition. Au point qu’il avait tenu à faire part de sa gratitude envers les spectateurs dans une vidéo postée dans la matinée de son match contre Mariano Navone. « Je voulais juste vous remercier du fond du cœur pour ces derniers jours. Pour le soutien, l’amour que vous m’avez donné, la joie : tout cela a été incroyable. (…) Je suis heureux d’être de retour sur le terrain et de pouvoir partager ce moment avec vous tous », déclare l’intéressé, en anglais, dans ce clip de quatre minutes.

Lui restait encore à connaître l’attitude de ses rivaux. « Cela fait 45 minutes que je suis arrivé [au Foro Italico], je n’ai vu encore personne. Le tennis est un sport tellement individuel, chacun fait ses trucs de son côté. Durant ces trois mois, je n’ai quasiment parlé à personne, un peu avec [le Britannique] Jack [Draper] qui est venu s’entraîner avec moi [à Monte-Carlo], on est très potes. Au début de la suspension, j’ai reçu des messages de joueurs que je ne m’attendais pas à recevoir et à l’inverse, rien n’est venu de joueurs dont je pouvais attendre un petit quelque chose », avait-il longuement retracé en conférence de presse, le 5 mai.

Les mots du numéro 3 mondial Carlos Alcaraz, quatre jours plus tard devant les médias, lui ont donné une première indication des plus positives. « Honnêtement, je dirais que j’ai besoin de lui sur le circuit. Parce qu’il me pousse à être un meilleur joueur, à me donner à 100 % chaque jour », déclarait le quadruple vainqueur en Grand Chelem (US Open 2022, Wimbledon 2023 et 2024, Roland-Garros 2024), le 9 mai, après sa victoire contre le Serbe Dusan Lajovic (6-3, 6-3). « Je pense que le tennis a aussi besoin de lui. Pour attirer de nouveaux fans », poursuivait l’Espagnol, ajoutant qu’il espérait le retrouver en finale le 18 mai – les deux hommes n’étant pas dans la même partie de tableau.

La veille, Alexander Zverev, deuxième au classement ATP, s’était lui aussi félicité de sa présence à Rome… Mais de manière plus pragmatique. « C’est une bonne chose pour moi parce que je suis quelqu’un qui aime passer inaperçu (…), expliquait l’Allemand au micro de la chaîne Sky Sports. Ces derniers mois, l’attention était évidemment focalisée sur moi parce que j’étais la tête de série numéro 1 partout où je jouais et c’était important de performer d’une certaine manière, alors ça aide un peu que l’attention se porte sur Jannik maintenant. »

Il reste en tout cas un joueur qui n’a toujours pas digéré l’affaire du clostebol : Nick Kyrgios, l’un des critiques les plus virulents à l’égard du numéro un mondial depuis l’annonce de ses deux contrôles positifs. Alors que d’aucuns rêvent déjà d’un come-back fracassant de Jannik Sinner, avec un premier Masters 1000 de Rome à son palmarès à la clé, l’Australien a répondu sur le réseau social X : « Pourquoi ? C’est un talent générationnel ? Je ne serais pas du tout surpris » accompagné d’un émoji qui pleure de rire. Jaune ici en l’occurrence.