Départ de Jean-Pierre Rivère de l'OGC Nice: la fin d’une époque

Une bombe s’est abattue sur l’actualité de l’OGC Nice: Jean-Pierre Rivère n’est bientôt plus son président. La rumeur infiltrait les réseaux sociaux depuis jeudi soir, l’homme d’affaires qui fêtera ses 68 ans en septembre a annoncé hier matin aux salariés et aux joueurs qu’il quittait son poste le 20 août prochain. Avant de le faire face caméra dans l’après-midi. "J’ai demandé aux actionnaires de pouvoir m'arrêter à la fin de mon mandat. C'est un choix réfléchi, très serein. Le fonds de dotation va me permettre de garder un fil avec le club."
Il s’apprêtait à souffler sa cinquante-quatrième bougie quand Jean-Pierre Rivère a injecté onze millions d’euros de sa fortune établie dans l’immobilier dans les caisses d’un club aux allures de coquille vide. A l’aube de la saison 2025-2026, il le laisse avec une valorisation à 200 millions d’euros aux portes de la Ligue des champions. Sous l’ère Rivère, l’OGC Nice a changé de stade, de centre d’entraînement, d’ambitions. Bref, le président a tenu parole en propulsant le club dans une nouvelle dimension.
"Je suis un supporter du club. Ces derniers temps, j’étais un peu contrarié qu'un homme d'affaires plus riche que moi ne rachète pas le club. Puis je me suis dit: ''J'y vais!''," s’était justifié l’homme qui a grandi à Nice depuis ses dix ans, lorsqu’il se présente officiellement à Charles-Ehrmann le 11 juillet 2011. "On ne me promet que des coups et des difficultés mais à un moment donné, il faut se lancer. Mais je ne suis pas venu pour faire une opération financière. Je viens pour l'OGC Nice car j’ai la passion de ce club. Je n’aurais pas investi dans un autre."
Seule la perspective du Grand Stade est positive pour le pensionnaire du Ray, habitué à lutter pour son maintien en Ligue 1. "Ce n'est pas suffisant. Il faut d'abord faire des fondations solides et ça, c'est mon métier. Construire et bâtir. On va faire le maximum sur la partie hors sportive et ensuite s'attacher au sportif. Je n'ai pas de baguette magique mais avec un projet commun et une mobilisation de tous, on fera tout pour que le club soit plus serein dans l'avenir."
Six ans plus tard, les Aiglons entrent dans un centre d’entraînement à 13,5 millions d’euros dans la Plaine du Var. Avec le magicien Lucien Favre pour entraîneur, l’inoxydable Dante pour capitaine, le fantasque Mario Balotelli devant et un podium de Ligue 1 historique au bout (2016-17). "J’ai adoré la victoire contre Paris avec les buts de Mario, Ricardo et Donis. 3-1 contre le PSG, un match dominé de bout en bout, c’était savoureux, rembobinait récemment le président. A cette époque, on n’avait pas de gros moyens mais cette équipe donnait tellement de plaisir."
Avec respect et considération pour les salariés du club, le DG Julien Fournier en maître d’œuvre et un projet ambitieux pour feuille de route, Rivère a très souvent eu du flair et des riches idées de casting. Après Claude Puel en bâtisseur, Hatem Ben Arfa en chef d’orchestre, le ‘‘Prez’’ est allé chercher les millions de Jim Ratcliffe et Ineos avec un mail et un coup de force lorsqu’il claque la porte du club au nez de Patrick Vieira et des actionnaires chinois (janvier 2019). "Avec leur prêt toxique (22 millions d’euros), le club était en très grand danger," expliquera-t-il à son retour aux commandes en tant que président délégué, en août.
Cette fois, Jean-Pierre Rivère ne reviendra pas. Après avoir fait marche arrière devant Blackmore et son riche prince saoudien (2016), slalomé habilement entre les écueils du mandat de Christophe Galtier et la finale de Coupe de France ratée (2021-2022), le capitaine à la chemise blanche lâche la barre sur une moyenne d’une qualification européenne tous les deux ans (sept fois en quatorze saisons) et l’image d’un homme d’une rare élégance qui a refait de l’OGC Nice un club qui compte dans le paysage de la Ligue 1.
Quitter la présidence du Gym, c’est céder son fauteuil à Fabrice Bocquet, jusqu’ici directeur général, et abandonner aussi le poste occupé depuis 2016 au conseil d’administration de la Ligue. "Partir, tourner une page et passer la main est toujours plus difficile que d’arriver," prédisait le natif de Condom (Gers) en marge de sa prise de fonctions. "C’est finalement plus simple quand partir est notre propre décision et non celle qu’on nous impose," a rectifié l’homme de valeurs qui peut partir la tête haute et le sentiment du devoir accompli en bandoulière. Sonnés d’abord, puis reconnaissants ensuite, tous les amoureux du Gym le regrettent déjà.
Nice Matin