« Cultiver cette culture de la gagne » : Laurent Bonadei satisfait des deux premiers matches des Bleues à l'Euro

« Vous aviez dit que vous alliez faire tourner et les joueuses ont répondu présentes, avec trois buts inscrits par des remplaçantes lors du premier match. Qu'est-ce que cela dit de votre groupe ?C'est important de respecter ce qu'on dit. J'avais dit aux filles que c'était tout un groupe qui avance. Sur les six buts marqués, on est à six buteuses différentes, c'est de bon augure, ça veut dire que le danger peut venir de partout. Cela a aussi permis de donner du temps de jeu aux jeunes joueuses pour qu'elles acquièrent de l'expérience. C'était un bon match. C'était aussi conditionné au fait qu'on a trois matches importants en huit jours et celui contre l'Angleterre (2-1, samedi dernier) a entamé les organismes. On en aura un dernier match qualificatif contre les Pays-Bas qui sera très important, il était essentiel de faire tourner pour permettre à certaines de récupérer et d'avoir de la fraîcheur sur le match de dimanche.
Pouvez-vous nous parler de la ligne défensive, très jeune ?C'est vrai, on a fini le match avec une défense très jeune. J'ai trouvé leur comportement très adapté, on est malheureux sur ce but en première période, c'est un peu un coup de billard et on est pris dans la profondeur. Mais j'ai trouvé leur match consistant. (Sur le fait que les axiales ont interverti leur poste) Elles avaient, sur l'entame de match, ressenti le besoin de s'équilibrer différemment avec Alice (Sombath) à droite et Thiniba (Samoura) à gauche. Nous, on est là pour les accompagner, on leur donne des consignes, elles les respectent à la lettre. Et puis de temps en temps, c'est important aussi de pouvoir leur donner de l'autonomie, le pouvoir de prendre des décisions, d'oser. Et quand j'ai vu qu'elles avaient décidé de changer, je me suis dit que j'allais les laisser faire parce que, à cet âge-là, prendre ces décisions-là, c'est courageux et en même temps ça montre leur détermination. Ça montre aussi leur capacité à analyser le jeu, leur jeu, mais aussi peut-être les forces et les faiblesses adverses. Et elles ont certainement estimé que c'était la meilleure façon de contrer cette équipe.
Regardez-vous le temps de jeu des joueuses en vue des quarts de finale ?On n'est pas dans les calculs par rapport au fait d'être dans un côté du tableau ou dans l'autre. On peut constater que sur les deux groupes C et D, il y a cinq équipes du top 10 au classement FIFA et de l'autre côté, il y a l'Espagne (championne du monde en titre). Donc forcément il y a un côté qui a sa particularité, mais le match de l'Espagne contre l'Italie (21 heures vendredi) n'est pas encore joué. Et puis on a encore une opposition entre l'Allemagne et la Suède. Donc nous, on n'est pas dans ces calculs-là. De toute façon on va jouer le match des Pays-Bas pour le gagner, on est sur une série de dix victoires (toutes compétitions confondues), il faut cultiver cette culture de la gagne, c'est ce que je m'efforce de leur dire. Il faut rester focalisé sur le jeu et c'est le jeu qui va nous permettre d'aller chercher les victoires.
« Clara (Mateo), dans son jeu collectif, a cette capacité à se déplacer dans les petits espaces et notamment à très bien presser »
Allez-vous, dans la suite du tournoi, pratiquer un turnover moins important ?J'ai 23 joueuses à ma disposition, donc en fonction de l'état de forme, et du constat qu'on va faire demain (jeudi) sur la fatigue des joueuses... Le but était de donner du rythme à des joueuses qui n'en avaient pas eu sur la préparation comme (Sandie) Toletti, (Kadidiatou) Diani, pour que, sur les matches qui arrivent, j'ai un maximum de joueuses en capacité de tenir longtemps. J'ai pour l'instant effectué deux fois cinq changements, ce n'est pas une vérité. Elles savent que je peux effectuer des changements, des rotations, mais elles savent aussi que je peux m'en passer.
Pouvez-vous nous parler de Clara Mateo (buteuse contre le pays de Galles) ?Clara est intéressante dans ses déplacements pour le pressing, mais aussi dans ses appels. Elle nous apporte une palette différente sur le fond de l'attaque, on a Marie (Katoto) qui est capable de garder les ballons au but, d'être une très bonne joueuse dans la zone de finition et aussi dans le jeu de tête. Clara, dans son jeu collectif, a cette capacité à se déplacer dans les petits espaces et notamment à très bien presser. Elle avait déjà mis en difficulté la gardienne de la Suisse (fin mai, en Ligue des nations). J'avais dit à Clara et à Kadi, notamment en première période, qu'il y avait des coups à jouer dans ce domaine-là.
N'avez-vous pas trouvé que les lignes étaient distendues en première période ?J'avais demandé à Grace (Geyoro) et Amel (Majri) de rester très haute dans les interlignes, c'est pour ça que, par moments, on pouvait avoir l'impression qu'elles n'étaient pas tellement dans le jeu de préparation. Je leur avais demandé d'être patientes, de rester vraiment dans le dos des milieux. Il n'y avait aucun intérêt à se retrouver avec six joueuses devant un bloc, et puis de se faire des passes à cinq mètres sans créer de problème à l'adversaire. Alors, effectivement quand on perd le ballon, ça pose un problème de replacement, parce qu'on est un peu en déséquilibre et comme la coach adverse avait mis un projet ambitieux sur un 4-4-2 qui se projetait très vite pour faire un 4-2-4, on avait notre défense qui était un peu en crise. Mais c'est aussi dans ces moments-là qu'on voit comment les jeunes peuvent réagir, progresser. Et j'avais dit à Grace et Amel de pouvoir revenir sur les deuxièmes ballons, mais ce n'est pas toujours possible parce que la distance est longue et quand les joueuses du pays de Galles ont joué de longs ballons, les retours étaient difficiles. »
L'Équipe