Contrôle des clubs de plongée sur le littoral varois: cinq nouvelles mises en demeure

"Oh purée. On ne va pas s’ennuyer, là!" Avec deux collègues de la police nationale et un administrateur principal des affaires maritimes, Cyril s’apprête à contrôler un groupe de plongeurs remontant à la surface près des Fourmigues, deux îlots situés à l’ouest de la presqu’île de Giens, à Hyères. "Eux, ils vont avoir besoin d’un bon interprète pour leur procès-verbal", anticipe le brigadier-chef, qui pense alors avoir affaire à un club de plongée néerlandais en infraction. Celui-ci a tilté en remarquant l’absence de bouteille d’oxygène, à bord de leurs petites embarcations, pour assurer leur sécurité en cas d’accident de décompression. Un matériel obligatoire pour toute structure professionnelle. Pas pour les particuliers, comme cette palanquée composée finalement de six vacanciers autonomes.
Ça rend "fou" Rémi Bouillon, inspecteur de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM): "C’est inconscient de pratiquer cette activité dans ces conditions. Ce n’est pas comme s’ils allaient faire un foot. Une attaque cardiaque en plongée, ça peut être fatal." Lui aussi fait partie de l’opération coup du poing, supervisée ce mardi par la préfecture maritime, à laquelle trois autres semi-rigides, dont un du parc national de Port-Cros, ont pris part. Objectif? Renforcer la sensibilisation des clubs de plongée aux règles de sécurité et à la condition physique de leurs clients, quelques mois après une journée de formation XXL.
Depuis février, 104 accidents ont été recensés, dont quatre mortels (autant que sur l’ensemble de l’année 2024). "Il faut que ça s’arrête", lâche Peggy Froger, cheffe adjointe du service jeunesse engagement et sport du Var. Les principales causes? "Avec le vent qui a fait remonter l’eau froide et la canicule, la météo a été particulièrement compliquée ces dernières semaines, poursuit la spécialiste rattachée au ministère des Sports. La forme physique et la consommation d’alcool sont tout autant déterminante, surtout sur des plongées profondes".
70 à 80 clubs varois contrôlés par anD’après les chiffres des affaires maritimes, qui comprennent également les accidents de plongées de militaires, de travailleurs plongeurs et des particuliers autonomes, le bilan de 2024 s’élevait même à 14 décès (pour 215 interventions du Crossmed). Un chiffre alarmant pour les autorités, qui en ont fait une priorité. Par an, ce sont 75% des 120 clubs varois qui sont ainsi contrôlés. L’été dernier, un établissement situé à La Seyne a été définitivement fermé pour mise en danger de la vie d’autrui. Son dirigeant, qui a vu tout son matériel et son bateau saisis, a été condamné à une amende et une peine de prison avec sursis. Sa faute? Avoir continué à accueillir des plongeurs quelques jours après un arrêt préfectoral de fermeture, suite à de nombreux problèmes de sécurité constatés. "Il s’en rappellera", glisse l’un des policiers en charge de l’opération du jour.
Et puis, il y a les clubs venus d’autres départements, parfois moins préparés aux conditions locales. Lors des dernières vacances de Pâques, une structure professionnelle de Seine-et-Marne, dont les adhérents ont davantage l’habitude des immersions en piscine, a été placée dans le viseur de la DDTM à la suite d’"une alerte des médecins de l’hôpital Sainte-Anne", où se trouve le caisson hyperbare le plus proche. "À cause d’une combinaison trop large, dans laquelle de l’air s’est accumulé, une plongeuse est remontée de 40mètres sans faire de paliers, indique Peggy Froger. Cette semaine-là, un autre membre du club a fait un malaise suivi d’une crise de panique à 30 mètres de profondeur. On a frôlé la catastrophe." Toutes les autres sorties prévues du club ont été annulées et trois éducateurs ont été interdits d’exercer pendant au moins six mois.
Avant la montée du mistral, c’est l’heure du retour à quai pour le semi-rigide de la police national, qui a contrôlé quatre bateaux de plongée sans constater de véritables manquements à la sécurité et rappelé à l’ordre un kayakiste navigant au de-là de la bande des 300 mètres sans eau, sans gilet et sans moyen de communication pour avertir le Crossmed (via le canal 16 d’une VHF ou en composant le 196 sur un téléphone). Les trois autres navires de l’opération ont eu plus à faire.
Au total, 8 infractions de clubs de plongée ont été relevées pour des problèmes liés à la bouteille d’oxygène, au plan de secours ou au ballon autoremplisseur à valve unidirectionnelle (BAVU). Avec 5 mises en demeure pour mise en conformité, dont le renvoi d’un bateau au port avant même la mise à l’eau des plongeurs.
Var-Matin