Le secteur de l'aviation exhorte la Colombie à éviter les obligations de mélange et à privilégier plutôt des incitations pour devenir un chef de file en matière de carburants durables.
Le secteur aérien a réaffirmé son engagement envers l'objectif mondial de neutralité carbone d'ici 2050 et a souligné que la Colombie dispose d'une occasion unique de devenir un chef de file régional dans le développement des carburants d'aviation durables (SAF). Il a toutefois insisté sur la nécessité pour le pays de mettre en œuvre des politiques publiques équilibrées, techniquement solides et compétitives, en évitant toute décision susceptible de nuire à la connectivité aérienne et à l'accès aux transports dans les régions isolées.
L’Association du transport aérien international (IATA) a présenté un document formulant cinq recommandations clés pour la mise en place d’un écosystème de carburants durables en Colombie, axé sur la durabilité économique, environnementale et technique. Parmi ces recommandations, l’IATA souligne la nécessité d’éviter d’imposer un mix énergétique spécifique et de privilégier plutôt des incitations fiscales stimulant à la fois l’offre et la demande.

Paula Bernal, directrice générale de l'IATA pour la Colombie. Photo : IATA
Selon le secteur, l'imposition par décret d'une proportion obligatoire de SAF (carburant alcoolisé spécifique) dans le kérosène augmenterait considérablement les coûts d'exploitation des compagnies aériennes. Cette hausse, prévient l'IATA, se répercuterait directement sur le prix des billets, affectant la demande et la connectivité, notamment sur les liaisons très sensibles aux variations du prix du carburant, comme celles reliant l'Amazonie, le Pacifique et les archipels du pays.
La déclaration souligne qu'une politique publique efficace doit privilégier le renforcement des capacités locales, le développement des infrastructures et la mise en place d'incitations favorisant une production compétitive de fret aérien. « L'objectif », précise le document, « doit être de garantir la pérennité du secteur sans compromettre les progrès accomplis en matière d'inclusion financière des voyageurs ni la croissance de celui-ci. »
L’IATA souligne également qu’en Europe et au Royaume-Uni, le coût du SAF a été multiplié par cinq suite à la mise en œuvre des obligations de mélange, ce qui crée un précédent quant à l’impact économique auquel la Colombie pourrait être confrontée si elle adoptait des mesures similaires sans une base industrielle solide.

Des compagnies aériennes comme Latam Airlines ont investi dans la promotion de la SAF en Colombie. Photo : Avec l'aimable autorisation de
Selon l'association, le pays doit se préparer adéquatement avant d'utiliser ces types de carburants. Des éléments tels que les infrastructures, les coûts de production, la logistique et la chaîne d'approvisionnement doivent être rigoureusement étudiés afin de garantir une transition efficace et durable.
Le deuxième volet de la proposition de l'IATA vise à concevoir un système d'incitations fiscales pour réduire les obstacles économiques à la production et à la consommation de carburants d'aviation durables (SAF). Selon l'association professionnelle, le coût élevé de ces carburants constitue l'un des principaux freins à leur adoption, ce qui exige une politique globale qui stimule non seulement l'offre, mais aussi la demande.

Bioraffineries pour la production de SAF dans le monde entier. Photo : CEET
Parmi les mesures proposées figure l’exemption de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur la fraction de SAF utilisée par les compagnies aériennes, ainsi que l’exemption de la taxe carbone pour les carburants qui respectent les critères internationaux de réduction des émissions établis par le ministère de l’Environnement et du Développement durable, conformément à la loi 1819 de 2016 et au décret 926 de 2017.
« Un système d’incitations spécifiquement conçu pour cette transition permettra non seulement d’accélérer l’adoption du SAF, mais aussi de consolider la position de la Colombie comme référence régionale en matière de durabilité de l’aviation », indique le document.
Le secteur aérien insiste sur le fait que les incitations fiscales doivent faire partie d'une politique publique garantissant l'équité territoriale, la connectivité et la mobilité, facteurs essentiels au maintien de la compétitivité du pays dans le transport aérien.
La directrice de l'IATA en Colombie, Paula Bernal, a déclaré que le développement des carburants d'aviation durables (SAF) marquera un tournant dans l'histoire de l'aviation mondiale. « Les carburants d'aviation durables représenteront un changement radical dans la façon dont l'industrie du transport aérien opère à l'échelle mondiale », a-t-elle affirmé.
Bernal a assuré que l'organisation était à la disposition du gouvernement national pour collaborer à la mise en œuvre du SAF « avec la plus grande rigueur et efficacité possible », et a demandé que le processus garantisse « une transition énergétique juste, sûre et efficace » pour le secteur.
Enfin, il a invité le pouvoir exécutif à identifier les meilleures options pour développer le système de transport aérien du pays, en tirant parti de son potentiel économique, environnemental et social. « La Colombie a un fort potentiel pour devenir un chef de file en matière de durabilité du transport aérien, et une approche technique et planifiée contribuera directement au développement économique et social dans les années à venir », a-t-il conclu.
Journaliste spécialisée en environnement et santé
eltiempo



