Diageo recrute l'ancien patron de Tesco pour redresser la barre : la nomination de « Darastic Dave » Lewis fait grimper le cours de l'action.

L'action de Diageo a bondi après l'embauche de l'ancien patron de Tesco pour redresser la situation financière de l'entreprise.

Dave Lewis – dont la réputation en matière de réduction des coûts lui a valu le surnom de « Dave le Drastique » – prendra la direction générale du géant des boissons en difficulté au début de l'année prochaine.

Cette nomination a fait grimper le cours de l'action de 5,2 %, soit 90 pence, à 1816,5 pence, les investisseurs lui faisant confiance pour reproduire son succès chez Tesco et redresser le fabricant de Guinness et de Smirnoff.

L'analyste Ed Mundy de Jefferies a salué l'arrivée d'un « leader de poids », tandis que Richard Hunter, d'Interactive Investor, l'a décrite comme un « tournant potentiel » pour Diageo.

Le géant du FTSE 100, dont les marques incluent également Captain Morgan et Johnnie Walker, a connu des difficultés depuis le décès de son ancien patron Ivan Menezes en 2023, en raison d'une faible demande et de ventes atones.

Sa successeure, Debra Crew, n'est restée en poste que deux ans avant de partir brusquement cet été, et les actions ont chuté à leur plus bas niveau en dix ans la semaine dernière suite à une mise à jour commerciale sombre sous la direction du patron intérimaire Nik Jhangiani.

Les analystes estiment que la chute de sa valeur – passée sous la barre des 40 milliards de livres sterling la semaine dernière, contre un pic de 90 milliards fin 2021 – l'a rendue vulnérable aux prédateurs cherchant à la racheter à bas prix.

Cela souligne également l'ampleur de la tâche qui attend Lewis, à qui l'on attribue le redressement de Tesco durant ses six années à la tête de l'entreprise, de 2014 à 2020, et qui percevra un salaire annuel de 1,5 million de livres sterling, plus des primes, chez Diageo.

Il a auparavant passé près de trois décennies chez Ben & Jerry's et au sein du groupe Unilever, fabricant de Marmite, et, depuis son départ de Tesco, il a occupé une série de postes d'administrateur non exécutif.

Dan Coatsworth, responsable des marchés chez AJ Bell, a déclaré que le convaincre de revenir à un poste de directeur général « aura été un défi », ajoutant : « Le salaire est certes alléchant, mais Lewis a probablement été motivé par l'ampleur de la tâche : réussir un deuxième redressement d'entreprise de cette envergure et il deviendra une légende dans le monde des affaires.

« Diageo a réalisé un coup de maître en embauchant l'homme qui a sauvé Tesco. Dave Lewis est considéré par le marché comme un sauveur. C'est un recrutement important et une agréable surprise. La hausse du cours de l'action en témoigne. »

Lewis, âgé de 60 ans, quittera son poste de président du géant des soins de santé grand public Haleon pour prendre la direction de Diageo, tandis que Jhangiani reprendra ses fonctions de directeur financier.

Chez Unilever, Lewis était surnommé « Dave le Dur » en raison de sa capacité à prendre des décisions audacieuses. Chez Tesco, il a confirmé sa réputation en supprimant des emplois, en fermant les magasins les moins performants et en cédant des pans entiers de l'entreprise.

Les spéculations vont bon train quant à ses intentions chez Diageo. Le Mail on Sunday a révélé ce week-end que l'entreprise se prépare à l'arrivée d'un investisseur activiste qui fera pression pour la vente de Guinness, dont la valeur pourrait atteindre 14 milliards de livres sterling.

« Les investisseurs voudront savoir si Lewis va scinder l'entreprise en deux : l'une spécialisée dans la bière et l'autre dans les spiritueux », a déclaré Coatsworth. « On parle beaucoup d'une possible vente de Guinness, mais ce n'est pas une décision qui sera prise à la légère. »

Le président de Diageo, Sir John Manzoni, a déclaré que Lewis « possède la vaste expérience de PDG et les compétences de leadership éprouvées en matière de création et de commercialisation de marques de renommée mondiale qui conviennent parfaitement à Diageo en ce moment ».