Réforme rêvée : supprimer 500 programmes et ne plus avoir un seul étudiant avec une note C à l’université

À partir de 2026, les universités n'auront plus le droit d'admettre d'étudiants payants ayant obtenu une note inférieure à 50. Cela représente une réduction de 12 % du nombre de formations à l'échelle nationale. Ingénieurs, ouvriers du bâtiment, environnementalistes et même médecins figurent parmi les professions concernées. Cette nouvelle loi constitue une suppression progressive de l'enseignement supérieur. Ce ne sont pas seulement les universités de province, mais aussi celles de Moscou qui sont menacées.
Le ministère de l'Éducation et des Sciences n'attribuera plus de places payantes dans les programmes où la moyenne des scores à l'examen d'État unifié (UEU) des étudiants sous contrat est inférieure à 50. Selon les calculs de Novye Izvestia, cette mesure concernera 534 des 4 483 programmes proposés dans 232 universités à travers le pays , soit 11,9 % des programmes qui recrutaient des étudiants. Il ne s'agit pas d'établissements non reconnus, mais d'établissements d'enseignement supérieur légitimes, allant des instituts moscovites aux grandes universités régionales. Ces programmes comptaient environ 6 200 étudiants en 2024.
Au lieu d'aller à l'université, ils se sont engagés dans l'armée : 6 200 candidats aux résultats scolaires insuffisants sont menacés. Photo : 1MI
Dix universités moscovites sont menacées, selon les données de l'étude de suivi des admissions universitaires de 2024 (les dernières données disponibles). Il s'agit notamment des universités suivantes :
- Université d'État russe A. N. Kossyguine ;
- Université de prospection géologique Sergo Ordzhonikidze ;
- Institut national des affaires;
- Nouvelle université russe ;
- Université d'État de gestion des terres;
- Académie d'État russe de la propriété intellectuelle ;
- Académie du travail et des relations sociales;
- Institut A.S. Griboyedov de droit international et d'économie ;
- Institut des relations économiques internationales ;
- Université russe des transports.
Dix universités moscovites pourraient se retrouver sans personnel contractuel pour la prochaine année universitaire. Photo : 1MI
La liste des domaines dans lesquels la formation rémunérée ne sera plus possible est stupéfiante : de l’économie et du management à l’informatique, l’écologie, l’administration publique, l’aviation et les technologies spatiales.
Autrement dit, ce ne sont pas les professions « exotiques » qui disparaissent, mais celles qui constituent le socle de l’économie et des infrastructures urbaines.
Ce ne sont pas les professions « exotiques » qui disparaissent, mais plutôt celles qui constituent le socle de l'économie et des infrastructures urbaines. Photo : 1MI
À Saint-Pétersbourg, la situation est encore plus dramatique : 16 universités ont été placées sur liste noire, dont l’Université d’État de Saint-Pétersbourg, où la moyenne des notes en soins infirmiers était de 50. Sont également menacées l’Université technique d’État de Saint-Pétersbourg, Voenmekh, l’ETU « LETI », l’Université d’État de la navigation maritime et intérieure, la Première Université médicale d’État de Saint-Pétersbourg I.P. Pavlov, l’Université de l’aviation civile, l’Université d’État des transports de Saint-Pétersbourg, et d’autres encore.
Elle ne sera pas en mesure de former des spécialistes dans les domaines suivants : armement, services, gestion des transports fluviaux, agriculture et pêche, architecture et urbanisme, génie maritime, génie énergétique, géodésie et aménagement du territoire.
À Saint-Pétersbourg, des dizaines de postes de marins pourraient ne pas être disponibles d'ici 2026. Photo : 1MI
Les universités provinciales sont menacées de fermeture. À Oulan-Oude, l'Université d'État de Bouriatie risque de perdre ses professeurs de sciences politiques et d'éducation spécialisée. À Tomsk, l'Université d'architecture et de génie civil se retrouve sans ouvriers du bâtiment. L'Université d'État d'Amour est privée d'économistes. L'Université agricole d'État de Volgograd est privée de son programme phare, Agriculture et Pêche. Et l'Université d'État d'Oudmourtie à Ijevsk est sans enseignants. Partout dans le pays, de Vladivostok au Daghestan, des programmes entiers dans lesquels les universités régionales formaient des spécialistes depuis des décennies sont supprimés.
Les universités régionales risquent de perdre des ouvriers du bâtiment, des enseignants et des agronomes. Photo : 1MI
À première vue, il semble que le ministère de l'Éducation et des Sciences se contente de relever le niveau d'exigence. Mais en réalité, les conséquences pourraient être désastreuses.
L'accès à l'enseignement supérieur va se raréfier. Tous les candidats ne peuvent pas se permettre les frais de scolarité élevés dans la capitale ou dans les universités les plus prestigieuses. Pour de nombreuses familles, c'est tout simplement hors de prix ! Les études payantes dans les universités régionales étaient la seule possibilité d'obtenir un diplôme pour ceux qui ne gagnaient pas des millions. Désormais, cette possibilité disparaîtra.
Mais ce n'est pas la principale conséquence de la réforme. Prenons l'exemple des filières d'études choisies par les candidats ayant obtenu de faibles notes : enseignants, professeurs d'enseignement spécialisé, infirmiers et forestiers. Ce sont des professions peu prestigieuses et mal rémunérées, pour lesquelles on manque déjà de personnel. Le pays risque bientôt de se retrouver sans personnel qualifié. Qui construira les routes, développera les projets environnementaux et travaillera dans l'agriculture si ces filières disparaissent tout simplement des cursus universitaires ?
La nouvelle réforme transforme l'admission en une lutte pour la survie. Les points sont désormais le sésame pour la réussite, et bientôt, aucune université ne voudra accepter d'étudiants moyens. La Russie entre dans l'ère de l'enseignement élitiste. Reste à savoir si elle saura gérer cette situation dans cinq ans.
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