« J’envisage avec une grande inquiétude la discussion à venir sur le cadre financier pluriannuel »

Le président de la PAC soutient que la Politique agricole commune doit avoir « un budget robuste » et souligne que pour que l'UE ait une souveraineté alimentaire, elle doit avoir une PAC forte.
« Je suis très préoccupé par la discussion à venir sur le cadre financier pluriannuel », reconnaît Álvaro Mendonça e Moura. Dans le podcast ECO dos Fundos, le président de la Confédération des agriculteurs portugais (CAP) évoque son expérience d'ambassadeur à Bruxelles lors des négociations du cadre financier pluriannuel 2007-2013, connu au Portugal sous le nom de QREN, et assure que « ce sera beaucoup plus difficile ». « Car nous avons tous les besoins liés à la sécurité et à la défense », explique-t-il.
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Mendonça e Moura soutient que « la Politique agricole commune ne peut être assimilée à toutes les autres politiques ; elle doit disposer de fonds propres et d'un budget solide. » Et par budget solide, il entend : « un budget équivalent à celui dont nous disposions, ajusté à l'inflation. »
« C'est notre point de départ et nous avons déjà dit au Premier ministre qu'un point fondamental dans la manière dont l'agriculture évaluera l'action de ce Gouvernement sera la manière dont le Gouvernement se battra à Bruxelles sur la question du cadre financier pluriannuel et de l'autonomie de la Politique agricole commune », a-t-il averti.
Le président de la PAC laisse un mot de solidarité aux producteurs de vin du Douro, demande un soutien structurel et voit le Mercosur comme une solution pour trouver de nouveaux marchés pour le vin national.
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Le 16 juillet, la Commission européenne présentera sa première proposition pour le budget de l'UE. On parle d'une réduction de 20 % des financements destinés à l'agriculture et à la cohésion. Êtes-vous inquiet de cette perspective ?Je suis très préoccupé par la discussion à venir sur le cadre financier pluriannuel, qui, nous le savons tous, sera très difficile. C'est toujours difficile. J'ai moi-même négocié le cadre financier pluriannuel lorsque j'étais ambassadeur à Bruxelles, pour la période 2007-2013. Celui-ci sera beaucoup plus difficile, car nous avons tous les besoins liés à la sécurité et à la défense. Ce sera plus compliqué. Il est essentiel de comprendre que si l'Europe veut avoir une autonomie stratégique, elle doit avoir une souveraineté alimentaire. Il n'y a pas d'autonomie stratégique sans souveraineté alimentaire. Et pour avoir une souveraineté alimentaire, nous devons avoir une politique agricole commune forte. C'est pourquoi toutes les organisations agricoles européennes ont déclaré que la politique agricole commune ne peut être assimilée à toutes les autres politiques ; elle doit disposer de ressources propres et d'un budget solide.
Qu'est-ce que cela signifie?Cela signifie qu'il ne peut être confondu – même s'il peut et doit être complémentaire – avec la politique de cohésion. Ce sont deux politiques différentes. Et un budget solide est un budget identique à celui que nous avions, ajusté à l'inflation. C'est notre point de départ et nous avons déjà indiqué au Premier ministre qu'un élément clé de l'évaluation des actions de ce gouvernement par le secteur agricole sera la manière dont ce dernier défendra à Bruxelles la question du cadre financier pluriannuel et de l'autonomie de la Politique agricole commune.
L’idée de mettre fin aux deux piliers de la PAC — les aides directes et le soutien au développement rural — serait-elle également désastreuse ?C'est absolument désastreux. Cela n'a aucun sens. D'après mes contacts avec le commissaire à l'agriculture et d'autres personnes à Bruxelles, je pense que cette idée sera abandonnée , je l'espère. Ce sont les signaux que j'ai reçus. Cela n'a aucun sens. D'une part, les soi-disant paiements directs aux agriculteurs visent à garantir leurs revenus. Le revenu moyen des agriculteurs est inférieur de 40 % à la moyenne des autres revenus dans l'Union européenne. Évidemment , si nous voulons la souveraineté alimentaire, il est nécessaire de maintenir l'agriculture. Les agriculteurs doivent rester en activité, nous devons garantir leurs revenus. D'autre part, le développement rural, qui est le deuxième pilier, où se concentrent tous les investissements, doit être garanti, car sans investissement, pas de modernisation, pas de compétitivité.

L' Union européenne ne peut pas vouloir s'enfermer comme une île au milieu du monde . Ce monde n'est pas fait d'îles, et il y en a de moins en moins, même si les droits de douane du président Trump pointent dans une autre direction. Mais le président Trump semble aussi avoir compris qu'il avait besoin d'autres pays. Or, en tant qu'Union européenne, nous devons avoir des amis dans ce monde. Nous devons conclure des accords commerciaux mutuellement avantageux. Le Mercosur est un accord évident. Le Portugal, comme l'Espagne ou l'Italie, a beaucoup à gagner de l'accord du Mercosur. Prenons l'exemple de l'huile d'olive et du vin, deux secteurs en crise. Une crise grave ici au Portugal.
Le secteur viticole est en grave crise au Portugal. Des mesures fondamentales de soutien aux agriculteurs sont nécessaires, et elles doivent être intégrées à la réalité internationale.
Je tiens à exprimer ma solidarité avec les producteurs, notamment ceux du Douro, compte tenu de la situation particulièrement grave dans laquelle ils se trouvent. Une fois de plus, nous avons besoin de mesures fondamentales, de mesures de soutien aux agriculteurs, qui doivent être intégrées à la réalité internationale. Nous avons constaté une baisse de la consommation internationale de vin, mais nous devons investir davantage dans la promotion, et le Mercosur est également un vecteur pour cela : c'est un moyen pour nous de pénétrer des marchés potentiellement plus intéressants.
Mais il y a des aspects négatifs…Les effets négatifs sont, à mon avis, très maîtrisés, car la négociation a imposé des quotas aux producteurs du Mercosur sur leurs exportations vers l'Europe . Il y a évidemment beaucoup de choses à changer. Avant tout, nous devons nous assurer que nous sommes tous sur la même longueur d'onde quant à nos exigences mutuelles. Mais l'accord en lui-même est globalement très positif et essentiel pour le secteur vitivinicole.
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