Le rejet du veto sur les rites religieux accordé à Jumilla par le Parti populaire et Vox unit le gouvernement et l'Église.

Hier, la Conférence épiscopale a réaffirmé sa position auprès du Parti populaire concernant la motion approuvée à Jumilla (Murcie), interdisant les célébrations musulmanes dans les installations sportives de cette ville de 27 000 habitants, dont quelque 4 000 sont des immigrés enregistrés. Les évêques, qui exercent une influence considérable au sein du principal parti d'opposition, se sont rangés du côté de la communauté musulmane, tout comme le gouvernement central, pour avertir le Parti populaire qu'imposer de telles restrictions pour des motifs religieux constitue une « discrimination inacceptable dans les sociétés démocratiques ».
Les prélats affirment que les vetos religieux « ne peuvent pas être utilisés dans les sociétés démocratiques ».Depuis Gênes 13, loin de freiner, ils ont réaffirmé leur soutien à l'amendement approuvé la semaine dernière, arguant que le texte ne fait pas référence à l'islam ou aux musulmans.
Le Parti populaire s’en tient au sens littéral de la motion visant à rejeter toute étiquette de parti xénophobe.Lorsque le Parti populaire aborde la question migratoire – et encore plus lorsque Vox est une condition de gouvernabilité – le terrain devient souvent trouble. En témoignent ces derniers mois son opposition farouche à la répartition des mineurs des îles Canaries – bien qu'il fasse partie du gouvernement régional – ou son refus de soutenir le projet de régularisation massive des immigrants, projet que soutient également la Conférence épiscopale. Aujourd'hui, le débat suscité par l'interdiction des rites islamiques dans l'espace public à Jumilla a une fois de plus démontré que cette question est un véritable casse-tête pour les conservateurs, contrairement à Vox, convaincus que brandir le drapeau islamophobe est une récompense électorale.
Le Gouvernement ne voit aucune inconstitutionnalité dans le texte car il n’interdit pas un acte religieux spécifique.Des sources proches de la direction du Parti populaire reconnaissent le malaise que cette controverse estivale leur a causé. Elles ont admis publiquement que la position prise hier par la Conférence épiscopale – qui a dû leur rappeler que « les manifestations religieuses publiques, comprises comme la liberté de culte, sont protégées par le droit à la liberté religieuse, un droit humain fondamental protégé par la Constitution » – leur ouvre la voie à une confrontation avec leurs contradictions. Officiellement, leur position consistait à soutenir pleinement l'initiative qui a facilité l'approbation du budget local. « Nous sommes le parti de la liberté, le parti constitutionnaliste », a défendu Jaime de los Santos, secrétaire adjoint à l'Éducation et à l'Égalité du parti.
Les services de migration surveilleront de près les discours de haine découlant de la motion.Le Parti populaire affirme avoir modifié l'initiative initiale de Vox, qui interdisait expressément la célébration de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du Ramadan, et de l'Aïd el-Adha, également connue sous le nom de fête de l'Agneau, car elle était inconstitutionnelle. Ces références ont effectivement disparu, mais le titre de la motion indique clairement que l'intention est de défendre les « coutumes du peuple espagnol contre les pratiques culturelles étrangères ». Le maire de Jumilla, Seve González, a insisté hier sur le fait que seule une modification de l'ordonnance réglementant les installations sportives était autorisée, « sans veto ni interdiction à l'encontre de quiconque en raison de son origine religieuse ». Il se trouve que les dernières célébrations musulmanes ont eu lieu à Jumilla.
Le gouvernement admet que la motion – bien qu'elle soit le résultat de « la dérive extrémiste du PP et de VOX », selon les termes du ministre Félix Bolaños – ne semble pas inconstitutionnelle car sa formulation n'interdit pas un acte religieux spécifique, mais tous.
De son côté, le ministère des Migrations a averti qu'il surveillerait de près les discours de haine générés par la polémique.
La communauté juive se joint au reprocheLa Fédération des communautés juives d'Espagne (FCJE) s'est jointe à la condamnation de la décision du conseil municipal de Jumilla. La Fédération « exprime son rejet de la décision du conseil municipal d'interdire les manifestations religieuses musulmanes dans les espaces publics. La violation de la liberté religieuse constitue un grave recul démocratique », ont déclaré des sources de l'organisation à Europa Press. De même, des sources de la Fédération ont défendu « la liberté et la sécurité » de toutes les communautés. « Il est à espérer qu'aucune religion ne doive vivre comme la foi juive en Espagne : avec une escorte à chaque synagogue et à chaque office religieux. Nous l'avions déjà affirmé après l'incendie de la mosquée de Piera : toutes les communautés doivent pouvoir célébrer leur foi librement et en toute sécurité », précisent ces sources. L'incident évoqué par la communauté juive de Piera s'est produit le mois dernier dans cette ville de la région d'Anoia, où un édifice religieux appartenant à la communauté musulmane a été incendié, selon l'enquête. Quelques jours plus tard, les habitants de Piera ont participé à une manifestation en faveur de la coexistence pacifique.
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