La Cour suprême rejette l'élection populaire des juges et la révocation massive

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La Cour suprême rejette l'élection populaire des juges et la révocation massive

La Cour suprême rejette l'élection populaire des juges et la révocation massive

Mardi, lors d'une séance pleine de tensions et de débats juridiques, les juges de la Cour suprême de justice de la nation (SCJN) ont créé un précédent en se prononçant sur la réforme judiciaire de Veracruz. Une réforme qui, selon plusieurs juges, met en péril l'indépendance de la justice et le principe d'inamovibilité des juges et des magistrats.

Depuis que Morena et ses alliés ont approuvé la réforme constitutionnelle du système judiciaire en septembre 2024, le pays a connu une vague d'ajustements juridiques dans les États. Veracruz n'a pas fait exception : son Congrès local a instauré l'élection populaire des juges et des magistrats, ainsi qu'un système de retraite forcée qui a ébranlé les fondements du système judiciaire.

La Cour plénière a analysé la réforme promue par le Congrès de Veracruz, contestée par le parti Mouvement citoyen. Au cœur du débat : l'obligation faite aux juges et aux magistrats de démissionner pour conserver leur retraite complémentaire.

Le ministre Juan Luis González Alcántara Carrancá a haussé la voix avec fermeté :

« Je crois que la réforme des pouvoirs judiciaires locaux est inconstitutionnelle et que, de manière générale, le régime de destitution immédiate et massive des juges fédéraux et locaux est inconstitutionnel et contraire à la volonté du peuple mexicain de s'établir comme une république démocratique. »

Avec ces mots, González Alcántara a évoqué la défense de l’indépendance judiciaire comme pilier de l’État de droit.

Le ministre Javier Laynez Potisek s'est joint à la défense des garanties judiciaires :

« La révocation ou la révocation des juges n’est possible que lorsqu’il est prouvé qu’ils ont commis des infractions disciplinaires, participé ou commis des violations des droits de l’homme, ou qu’il existe une impossibilité d’exercer leur fonction dans des conditions appropriées. »

Laynez Potisek a souligné que la révocation massive des juges de Veracruz n'était fondée ni sur des raisons objectives ni sur une procédure régulière. Pour la Cour suprême de justice, cette révocation massive sous prétexte de réforme constitutionnelle fédérale viole les normes internationales d'indépendance judiciaire.

Le ministre Jorge Mario Pardo Rebolledo a reconnu que la réforme judiciaire de Veracruz était formellement conforme à la réforme constitutionnelle fédérale approuvée par Morena et ses alliés. Il a toutefois souligné que cette conformité formelle ne justifiait pas sa validité au regard des traités internationaux relatifs aux droits de l'homme.

« Bien que cette disposition soit conforme à la Constitution fédérale, elle me semble manifestement non conventionnelle au regard des traités et des décisions de la Cour interaméricaine », a-t-il déclaré.

Par cette démarche, le SCJN réaffirme son engagement à interpréter les lois locales et fédérales à la lumière des normes internationales en matière de droits de l’homme.

La réforme judiciaire de Veracruz a créé le Tribunal disciplinaire judiciaire (TDJ) pour enquêter sur les juges et les magistrats et les sanctionner. Dans son analyse, le SCJN a déterminé que les décisions du TDJ de l'État peuvent être contestées par voie d'amparo, même si elles ont été initialement jugées définitives.

Le rapporteur, Alfredo Gutiérrez Ortiz Mena, a souligné que conditionner les retraites complémentaires à la démission des juges était incompatible avec l'indépendance de la justice. Cependant, son projet de loi n'a pas obtenu les huit voix nécessaires pour invalider cet article de la Constitution de Veracruz.

La SCJN, sans invalider la réforme de Veracruz dans son intégralité, a posé une limite cruciale : les tribunaux disciplinaires ne peuvent pas évaluer le contenu des décisions ni interpréter la loi à la place des juges sanctionnés.

Ainsi, la Cour a établi que l'organe disciplinaire peut sanctionner une conduite administrative ou disciplinaire, sans toutefois porter atteinte à l'essence même du jugement juridictionnel. En revanche, dans le modèle fédéral, la Cour de justice peut réviser les peines en cas de violations graves de l'administration de la justice.

La décision de la SCJN laisse un goût doux-amer : si elle défend l’indépendance de la justice et limite les licenciements massifs, elle ne parvient pas à inverser complètement la réforme de Veracruz. Le message est clair : au Mexique, la lutte pour l’indépendance de la justice est loin d’être terminée.

Pendant ce temps, le débat sur l'élection populaire des juges et leur révocation continuera de façonner l'agenda politique et judiciaire du pays. La Cour s'est prononcée, mais ses paroles résonneront longtemps dans les couloirs des tribunaux d'État et dans les débats publics sur l'avenir du pouvoir judiciaire.

L'indépendance de la justice est la pierre angulaire d'un État démocratique régi par l'État de droit. La réforme judiciaire de Veracruz, et son examen par la Cour suprême de justice (SCJN), mettent en lumière les tensions entre volonté politique et garanties constitutionnelles. Le Mexique est confronté au défi de protéger ses juges contre l'arbitraire et de préserver la confiance du public dans un système judiciaire qui, aujourd'hui plus que jamais, a besoin de crédibilité.

La Verdad Yucatán

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