Nouveaux juges : contrats, faillites et concurrence

L'une des conditions nécessaires à l'allocation efficace des ressources productives dans une économie, à la concrétisation des projets d'investissement privé en actifs fixes (usines et équipements) et à l'expansion des capacités de production, source de croissance économique, est de disposer d'un système judiciaire indépendant, impartial, compétent, efficace et rapide, garantissant les droits individuels, y compris les droits de propriété privée, contre les actes de tiers qui les violent, y compris les actes des pouvoirs publics. Le pouvoir judiciaire a également pour mission de veiller au respect des contrats et d'octroyer des garanties en cas de manquement de l'une des parties concernées.
En présence d'un système judiciaire respectueux de ces principes, les entreprises concluront des contrats avec leurs fournisseurs et leurs clients, leur permettant d'opérer efficacement et de maximiser le rendement de leurs capitaux investis. Elles seront ainsi assurées qu'en cas de manquement de l'une des parties au contrat, elles pourront saisir un juge qui l'obligera à s'exécuter ou, le cas échéant, à lui céder les garanties prévues au contrat. À l'inverse, en l'absence d'un système judiciaire indépendant, impartial et compétent, les entreprises ne concluront de contrats qu'avec des parties considérées comme « moralement responsables », même si elles ne sont pas les meilleurs fournisseurs ou clients, ce qui entraînera une allocation des ressources socialement inefficace.
Ce qui précède est pertinent au vu de la réforme judiciaire aberrante qui a abouti à une élection absurde et illégitime des juges fédéraux et d'État dans 19 entités fédérales jusqu'à présent. Toute personne titulaire d'un diplôme en droit peut être élue au suffrage universel, qu'elle possède ou non les connaissances et les compétences nécessaires pour être juge. Tous ont été élus sans que les électeurs ne sachent qui ils étaient, quels étaient leurs mérites et leurs spécialités (le cas échéant).
L'article 104 de la Constitution, section II, établit que les tribunaux fédéraux ont pour mission de connaître de « tous les litiges civils ou commerciaux découlant de l'application des lois fédérales ou des traités internationaux conclus par l'État mexicain. À la discrétion du demandeur et lorsque seuls des intérêts privés sont concernés, les tribunaux ordinaires peuvent connaître de ces litiges. »
Nous savons que la réforme judiciaire a porté atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire, et la question se pose de savoir si les juges élus, tant fédéraux qu'étatiques, seront impartiaux, honnêtes et compétents. Pour garantir le respect des contrats entre entreprises privées, ainsi qu'entre ces dernières et l'État, connaîtront-ils la Loi générale sur les sociétés commerciales, le Code de commerce, la Loi sur les établissements de crédit, la Loi générale sur les instruments et transactions négociables et la Loi générale sur les modes alternatifs de règlement des litiges ? Sans ces connaissances, ils ne seront pas en mesure d'offrir des garanties judiciaires pour la protection des droits de propriété privée et l'exécution des contrats. Il en résultera une allocation inefficace des ressources et une baisse du PIB.
Deux autres questions importantes, compte tenu de l'élection populaire des juges fédéraux, sont : premièrement, la question des faillites d'entreprises, et notamment leur connaissance approfondie du droit des faillites. Comment géreront-ils les procédures de redressement judiciaire ou les procédures de faillite définitive ? Seront-ils en mesure de nommer un liquidateur efficace et impartial, et comprendront-ils l'ordre de priorité pour le paiement des dettes contractées, y compris les dettes sociales et financières ?
Le deuxième point concerne les juges fédéraux antitrust, dont la fonction première est de sanctionner les pratiques monopolistiques préjudiciables aux consommateurs. Pour y parvenir, une compréhension approfondie de la loi fédérale antitrust, ainsi que de la loi sur les télécommunications et la radiodiffusion, ne suffit pas ; elle requiert également une connaissance approfondie de la théorie économique relative aux structures de marché (monopole, duopole, oligopole, monopsone, leadership en matière de prix, cartels et concurrence), ainsi que la compréhension du caractère absolu ou relatif d'une pratique monopolistique. Ils doivent également connaître les différents mécanismes de régulation des pratiques monopolistiques, tels que la fixation de prix maximaux en fonction des coûts marginaux ou marginaux. Par ailleurs, on ne saurait trop insister sur l'importance de l'indépendance et de l'impartialité des juges, qui doivent être indépendants et non subordonnés à des pouvoirs politiques susceptibles d'accorder un traitement préférentiel à une entreprise donnée au détriment de ses concurrents et des consommateurs. Ils ne doivent pas non plus être subordonnés au pouvoir économique d'une entreprise et lui permettre de se livrer à des pratiques monopolistiques.
J'aimerais être optimiste quant au respect des principes établis par les juges élus. Cependant, il est difficile de l'être lorsque nous avons assisté à la nomination et à l'élection de personnes totalement inconnues des électeurs. Mais ce dont nous pouvons être sûrs, c'est que si les nouveaux juges ne remplissent pas pleinement leurs fonctions, les principaux perdants seront tous les Mexicains, qui subiront une croissance plus faible, un PIB plus faible à l'avenir et un niveau de bien-être moindre.
Eleconomista