Anna Lucia Richter et Julius Drake (★★★✩✩) : de la soprano à la mezzo

Anna Lucia Richter et Julius Drake
★★★✩✩
Lieu et date : Schubertiada. Canonique de Vilabertan (19/VIII/25)
Les attentes ont été déçues par l'annulation définitive de la soprano prévue, la Catalane Sara Blanch, et par un excellent remplaçant de dernière minute , celui de l'ancienne soprano allemande Anna Lucia Richter, désormais établie comme une mezzo attrayante.
Avec un public visiblement déçu d'avoir manqué ce qui aurait été les débuts de Sara Blanch à la Schubertiade, il faut saluer la réactivité du Festival à trouver l'impeccable Anna Lucia Richter comme remplaçante, avec un Liederabend d'un professionnalisme et d'une solvabilité incontestables.
Le fait qu'aucun billet n'ait jamais dû être remboursé suite à l'annulation d'un chanteur en dit long sur la Schubertiade. Son ingéniosité à trouver des remplaçants de premier ordre témoigne de son statut de festival international de lied .
Richter (Cologne, 1990) a démontré sa maturité vocale actuelle avec un registre mezzo dont elle extrait des notes graves attrayantes, jamais forcées, et une tessiture facile et hybride, avec un registre médium et aigu d'une grande fluidité et rotondité, son passé de soprano la définit.
Cela ne signifie pas que la voix principale possède certains sons de type flûte dans la zone de transition qui semblent parfois étouffés et nuisent à la beauté d'une performance par ailleurs facile et généreusement projetée.
Lire aussi Le talent catalan ouvre enfin Vilabertran Jordi Maddaleno
Ce fut le cas de sa sélection attrayante de lieder de Mendelssohn, un compositeur moins connu pour son répertoire de mélodies mais qui mérite d'être récupéré.
Les couleurs, la théâtralité du mot et un certain sens de l'humour sont des traits que Richter sait exploiter, comme dans sa recréation de Der Einsame de Schubert.
À ce stade, parler de la maîtrise pianistique de Julius Drake est particulièrement évident. Il y avait le Reiselied de Mendelssohn, d'une nervosité absolue, ou l'intensité dramatique, précise et nécessaire, qui donnait à la section finale consacrée à Brahms une gloire sonore au clavier.
Avec toute la grâce d'une Richter à la voix souple et aromatique, il faut dire que son utilisation et son abus du pupitre tout au long du récital ont nui au travail minutieux.
Avec toute la grâce d'une Richter à la voix souple et aromatique, il faut reconnaître que son utilisation abusive du pupitre tout au long du récital a nui au travail méticuleux. On peut comprendre qu'il ait été utilisé en remplacement, mais qu'en est-il de pièces schubertiennes emblématiques comme « Auf dem Wasser zu singen » (Sur l'eau pour chanter) ou « Gretchen am Spinnrade » ?
La deuxième partie du récital, consacrée à Mahler, le compositeur protagoniste du dernier CD de la mezzo, et à Brahms, a confirmé la générosité expressive de l'Allemande, qui se réaffirme dans son registre le plus grave comme une excellente liederiste et un luxe comme substitut, du soprano au mezzo.
lavanguardia