Les ministres du Commerce de l'UE critiquent l'accord commercial entre Londres et les États-Unis

Les ministres du Commerce de l'UE ont condamné l'accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Un accord similaire visant à mettre fin au conflit commercial ne serait pas accepté.
La semaine dernière, le Royaume-Uni est devenu le premier pays à signer un accord commercial avec les États-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.
Londres a obtenu des concessions sur les droits de douane de 25 % imposés par Trump sur les voitures, l'aluminium et l'acier, mais les produits britanniques restent soumis à un tarif « universel » de 10 %.
"Si l'accord entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis est ce que l'Europe obtient, alors les Etats-Unis doivent s'attendre à des contre-mesures de notre part", a déclaré le ministre suédois du Commerce, Benjamin Dousa, avant une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles jeudi.
« Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un accord commercial… Le tarif de base est toujours là. »
Les commentaires de Dousa ont été repris par le ministre finlandais du Commerce, Ville Tavio, qui a décrit l'accord comme « en aucun cas un arrangement optimal pour le Royaume-Uni ».
Son homologue français Laurent Saint-Martin a également averti que l’UE devrait être « vigilante » si elle estime qu’« un arrêt des tarifs réciproques de 10 % serait une bonne nouvelle ».
Le ministre polonais Michał Baranowski, dont le pays assure actuellement la présidence semestrielle du Conseil de l'UE, a également suggéré que l'Europe ne serait pas « satisfaite » d'un accord similaire à celui conclu par le Royaume-Uni. « Je pense que nous pouvons obtenir un meilleur accord que de nous en tenir à des tarifs assez élevés », a-t-il déclaré.
La réunion de jeudi intervient le 37e jour d'une pause de 90 jours imposée par les États-Unis sur les soi-disant « tarifs réciproques », qui comprennent un tarif de 20 % sur les exportations de l'UE.
Bruxelles a déjà menacé de prendre deux mesures de rétorsion distinctes, d'un montant total de 116 milliards d'euros, contre les exportations américaines si aucun accord n'est trouvé.
Le commissaire européen au Commerce, Maroš Šefčovič, a déclaré aux journalistes avant la réunion de jeudi qu'il avait eu un « appel téléphonique constructif » avec le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, mercredi, au cours duquel les deux parties ont convenu d'« intensifier » les discussions techniques.
« Une ligne rouge » contre la ChineLes commentaires des ministres font également suite aux vives critiques de la Chine à l'égard de l'accord entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Selon Pékin, cet accord permettrait à Washington de restreindre les investissements chinois au Royaume-Uni.
Le représentant hongrois Levente Magyar a averti que toute pression de Washington pour se « découpler » de Pékin représenterait une « ligne rouge » pour Budapest.
Le pays entretient des liens économiques étroits avec la Chine, tandis que son Premier ministre de droite Viktor Orbán est l'un des plus proches alliés politiques de Trump.
« Nous entretenons d’excellentes relations commerciales avec la Chine, et la Chine est devenue l’un des plus grands investisseurs en Hongrie », a déclaré Magyar.
(mm)
euractiv