Lucca Comics & Games, le « sens » d'Alfred pour l'Italie et la bande dessinée : « Ce n'est pas du divertissement. »

Lucques, le 30 octobre 2025 – « Mes bandes dessinées dépeignent une Italie réinventée et intimiste. C’est mon Italie. » Alfred (pseudonyme de Lionel Papagalli, Français d’origine italienne) est l’un des auteurs de bande dessinée les plus célèbres de France, reconnu internationalement. Cette année, la France est à l’honneur à Lucca Comics & Games, qui se tient jusqu’à dimanche dans la ville toscane. Une exposition (Fondazione Banca del Monte) est consacrée à cet artiste poétique et ironique, un talent visionnaire qui, dans sa trilogie « italienne » (Come prima, Maltempo et Senso, publiées chez Bao), offre une vision profondément personnelle de notre pays. « J’ai dessiné le Chiavari de mon enfance », explique-t-il, « une ville qui n’est plus la même, mais la dessiner est une façon d’y revenir. »
Ses livres mettent en scène des lieux et des décors italiens, dans un contexte imaginaire.
« On y retrouve des souvenirs d'enfance et un mélange de lieux que j'ai visités. J'ai puisé au plus profond de mon identité italienne. Je suis ravi que Lucca me consacre une exposition. Je n'organise jamais d'expositions de mon travail, mais lorsque Bao m'a proposé celle-ci, j'ai pensé que c'était une évidence. Et dans les prochains jours, ma famille italienne viendra également à Lucca pour la voir, ce qui me comble de joie. »
En tant qu'auteur franco-italien, vous bénéficiez d'un point de vue unique pour évaluer les deux marchés de la bande dessinée. Est-il vrai, comme l'a dit l'ambassadeur de France en Italie, que la bande dessinée est en quelque sorte votre roman national ?
« C'est vrai, je suis d'accord. »
Pourquoi revêt-elle une telle importance culturelle, importance qu'elle peine à acquérir en Italie ?
« Je pense que cela tient au fait que, dans les années 1970, certains auteurs français ont connu un grand succès international. Je pense à Moebius, Druillet, Bilal. Hugo Pratt lui-même, bien que non français, a connu un grand succès en publiant en France. En Italie, je pense que la bande dessinée a avant tout un rôle de divertissement. Mais ici, à Lucques… »
À Lucques ?
« J’ai constaté un public très intéressé par une comédie qui ne se limite pas au simple divertissement. »
Vous arrive-t-il aussi de vous sentir comme un Italien de mauvaise humeur, comme Cocteau le disait des Français ?
« Absolument pas, car je suis à moitié italienne. »
Quel auteur italien vous a le plus inspiré ?
« Je dirais Massimo Mattioli et son M le Magicien, car son dessin d'une apparente simplicité lui permet en réalité de raconter de nombreuses histoires. Nul besoin de dessins compliqués ; un dessin simple peut raconter des histoires complexes. »
Et que dire de la nouvelle BD italienne ?
« Je citerais Gipi et Fior ».
Quitter la BD italienne ?
« Enfant, j'adorais Fred, qui avait lui aussi des dessins d'apparence simple, mais qui était capable de créer des histoires très poétiques. Ensuite, je citerais Tardi et Baru. »
Le protagoniste de Senso est frappé par une série d'accidents qui, finalement, débouchent sur un dénouement heureux et transforment sa vie. Quel message souhaite-t-il transmettre ?
« C’est la leçon que j’ai enseignée à ma fille : accepter l’inattendu de manière positive. »
Cette année encore, Lucca Comics & Games considère les publications de l'Editoriale Nazionale (Quotidiano Nazionale, La Nazione, il Resto del Carlino, Il Giorno e Luce!) comme partenaires médiatiques, engagés à couvrir l'événement avec des pages spéciales et des sections en ligne dédiées.
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