À l'approche du budget, les Canadiens souhaitent une aide pour compenser le coût de la vie, et non des déficits : sondage
Alors que le gouvernement fédéral s'apprête à dévoiler un budget qui devrait prévoir d'importants investissements et dépenses, ainsi qu'un déficit plus élevé, les Canadiens se disent surtout préoccupés par les mesures visant à réduire leur coût de la vie, selon un récent sondage.
Un sondage Ipsos réalisé exclusivement pour Global News a révélé que 42 % des personnes interrogées souhaitent que le budget, qui doit être déposé au Parlement mardi, donne la priorité à l'aide face à l'augmentation du coût des dépenses quotidiennes.
Ce chiffre dépasse de loin les priorités déclarées par le Premier ministre Mark Carney pour transformer l’économie canadienne, notamment l’investissement dans l’armée canadienne et la défense nationale (15 %), le financement de grands projets et d’infrastructures (15 %) et même les mesures visant à atténuer l’impact des tarifs douaniers américains (25 %).
Dans le même temps, trois Canadiens sur cinq interrogés par Ipsos ont déclaré que le coût de la vie et l'inflation se sont aggravés parce que le gouvernement dépense trop – juste au moment où Carney a soutenu que le Canada devait dépenser encore plus tout en parlant de « sacrifices ».
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« Le premier ministre a peut-être les bonnes réponses sur ce qu’il faut faire pour l’avenir du Canada, surtout en cette période très difficile que nous traversons, mais il n’a pas encore réussi à mobiliser les Canadiens — du moins d’après les données — sur la nature précise de ces mesures », a déclaré Darrell Bricker, PDG d’Ipsos Public Affairs, lors d’une entrevue.
« Si cela risque de rendre le quotidien plus difficile, peu importe comment vous voulez dépenser cet argent. Les Canadiens n'y sont pas favorables. »
En effet, le sondage révèle que 69 % des Canadiens s’inquiètent de l’insuffisance des mesures prises par le gouvernement pour les aider dans les années à venir. Ce pourcentage dépasse les 70 % chez les jeunes.
Le Canada vise à « doubler ses exportations hors États-Unis » au cours de la prochaine décennie, a déclaré Carney dans son discours prébudgétaire.
Dans un discours prononcé le mois dernier devant des étudiants de l'Université d'Ottawa, considéré comme un aperçu de ses priorités économiques pour le prochain budget, Carney a présenté des mesures visant à améliorer l'accessibilité financière, telles que l'augmentation de la construction de logements, le renforcement des programmes d'apprentissage dans les métiers et l'aide à la déclaration de revenus pour les Canadiens à faible revenu.
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Mais il s'est surtout concentré sur les efforts visant à développer rapidement les infrastructures nationales et sur les accords commerciaux avec les alliés internationaux dans le but de doubler les exportations hors États-Unis, en réponse aux droits de douane imposés par le président américain Donald Trump, ce qui, selon lui, stimulera l'économie et les recettes publiques.
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« Nous ne transformerons pas notre économie facilement ni en quelques mois », a-t-il déclaré dans son discours. « Cela exigera des sacrifices et prendra du temps. »
Le sondage Ipsos a révélé que les Canadiens sont toujours touchés par les conséquences d'années de forte inflation, malgré le fait que le taux d'inflation soit resté dans la fourchette cible ces derniers mois, mais ait légèrement augmenté en septembre.
Lorsqu'on leur a présenté une liste des causes de l'augmentation du coût de la vie, 62 % des personnes interrogées ont cité l'inflation, 52 % les droits de douane de Trump et 36 % les dépenses publiques excessives.
« On ne peut pas dire aux Canadiens pendant deux ans que l'inflation est le plus gros problème économique, puis leur demander de changer d'avis du jour au lendemain et de dire que ce n'est plus un problème », a déclaré Bricker.
« Pour les Canadiens, l’inflation est en fait une autre façon de dire qu’il est difficile de joindre les deux bouts. Ils ne parlent donc pas de ce qui figure dans les rapports gouvernementaux. »
Quelles seront les conséquences de la récente baisse des taux d'intérêt au Canada sur l'inflation des logements et des produits alimentaires ?
Dans le sondage, les Canadiens ont également exprimé leur frustration face aux déficits fédéraux persistants : 69 % estiment qu’il est important d’équilibrer le budget, tandis que seulement 27 % se disent favorables aux dépenses déficitaires, qu’ils considèrent comme une « pratique courante ».
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Le directeur parlementaire intérimaire du budget et des économistes externes prévoient que le déficit du budget présenté mardi dépassera largement les prévisions établies au cours des derniers mois du gouvernement Trudeau.
Ipsos a constaté qu'un peu plus de la moitié des Canadiens interrogés seraient favorables à des dépenses déficitaires à court terme dans le contexte économique actuel, et qu'ils étaient encore plus nombreux à affirmer que des dépenses supplémentaires seraient justifiées pour des programmes qui améliorent leur quotidien.
Ces mesures comprennent un soutien accru aux dépenses de santé (80 %) et au développement de nouveaux logements (63 %), tandis que des questions comme la défense nationale et le financement de plus d'agents de la GRC et de la sécurité frontalière ont reçu moins de soutien.
Alors qu'un peu plus de la moitié des personnes interrogées se sont déclarées favorables à des dépenses déficitaires pour atténuer la crise du logement, moins de la moitié ont dit la même chose concernant le financement de grands projets d'infrastructure.
Carney affirme que le Canada doit « reprendre des mesures audacieuses » avant son premier budget.
« Les Canadiens ont toujours beaucoup d’attentes envers le gouvernement (en termes de services) et quant à l’incidence que celui-ci aura sur leur coût de la vie, mais ils s’attendent également à un gouvernement qui agira dans les limites de ses moyens », a déclaré Bricker.
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« L’argument que le gouvernement avancera est qu’il investit en raison des défis auxquels le pays est confronté aujourd’hui, et que les Canadiens doivent donc faire des sacrifices en acceptant un déficit plus important… mais pour l’instant, les Canadiens disent : « Je ne vois pas l’intérêt. » »
Nombre de réponses au sondage font écho aux critiques formulées par les partis d'opposition qui ont indiqué qu'ils pourraient ne pas soutenir le budget au Parlement.
Un vote rejetant le budget pourrait déclencher des élections à peine six mois après l'élection des libéraux de Carney par les Canadiens.
Bricker se dit sceptique quant à la tenue d'élections anticipées cette année, estimant que cela ne sert les intérêts d'aucun parti. Il perçoit néanmoins des signaux d'alarme pour le gouvernement dans les résultats du sondage.
« Je pense que le gouvernement part du principe que tout le monde le soutient dans sa politique économique, mais on ne le constate pas vraiment », a-t-il déclaré.
Voici quelques résultats d'un sondage Ipsos réalisé du 25 au 27 octobre 2025 pour le compte de Global News. Pour ce sondage, un échantillon de 1 000 Canadiens âgés de 18 ans et plus a été interrogé en ligne. Des quotas et une pondération ont été utilisés afin que la composition de l'échantillon soit représentative de la population canadienne, conformément aux paramètres du recensement. La précision des sondages en ligne d'Ipsos est mesurée à l'aide d'un intervalle de crédibilité. Dans ce cas-ci, le sondage présente une marge d'erreur de ± 3,8 points de pourcentage, 19 fois sur 20, par rapport à un sondage mené auprès de tous les Canadiens âgés de 18 ans et plus. L'intervalle de crédibilité sera plus large pour certains sous-groupes de la population. Tous les sondages et enquêtes par sondage peuvent être sujets à d'autres sources d'erreur, notamment des erreurs de couverture et de mesure.