Le géant pétrolier BP est-il enfin sorti d'affaire ?

Mise à jour :
La pression exercée sur le directeur général de BP, Murray Auchincloss, pour qu'il génère rapidement des rendements pour les investisseurs, pourrait enfin s'atténuer après le redressement du cours de l'action du groupe, qui était catastrophique, et une découverte de pétrole historique au Brésil.
La compagnie pétrolière britannique subit une forte pression de la part du fonds activiste Elliott Management pour une amélioration de ses performances et fait l'objet de nombreuses spéculations quant à un rachat, son concurrent britannique Shell étant considéré comme le candidat le plus probable.
Mais avec la publication des résultats du troisième trimestre prévue mardi, la confiance grandit quant au fait qu'Auchincloss et son nouveau président, Albert Manifold, qui a pris les rênes le 1er octobre, parviennent enfin à remettre le géant de l'énergie sur les rails.
Les résultats devraient indiquer une production supérieure à celle du deuxième trimestre, mais inférieure à celle de l'année dernière. Les estimations des courtiers tablent sur un chiffre d'affaires de 47,8 milliards de livres sterling pour les trois mois se terminant en septembre.
Bien que le poste d'Auchincloss semble assuré pour le moment, il doit encore convaincre le nouveau président que BP peut tenir ses promesses d'économies, réduire sa dette de 19,8 milliards de livres sterling et poursuivre ses rachats d'actions.
S'il n'y parvient pas, il incombe souvent au nouveau président du conseil d'administration de limoger un directeur général peu performant.
Nouvelle ère : le directeur général Murray Auchincloss subit la pression d'investisseurs activistes pour redresser la situation de cette entreprise du FTSE 100.
Dans son précédent poste de directeur général du groupe de construction et de matériaux de construction CRH, Manifold était réputé pour son approche inflexible axée sur les résultats financiers et le rendement pour les actionnaires ; il est donc peu probable qu'il ait des scrupules à limoger un dirigeant si le besoin s'en faisait sentir.
BP a traversé une période très difficile suite au départ de son ancien directeur général, Bernard Looney, en 2023, et au remplacement de son président, Helge Lund, cette année. Ces deux hommes ont joué un rôle déterminant dans la transition trop rapide du groupe pétrolier vers les énergies vertes, une transition qu'il s'efforce désormais de corriger.
La combinaison de changements à la tête de l'entreprise, d'un revirement rapide de la politique climatique et d'exigences agressives de la part d'Elliott, qui détient toujours 5 % du groupe, a conduit à d'intenses spéculations sur un rachat en début d'année et à un démenti catégorique de Shell quant à tout intérêt pour une fusion.
La déclaration de Shell en juin l'empêchait de déposer une offre pendant six mois en vertu des règles britanniques en matière d'OPA, il est donc toujours possible qu'elle revienne sur le devant de la scène lorsque la période de blocage expirera le lendemain de Noël.
Les commentaires formulés la semaine dernière par Wael Sawan, le patron de Shell, selon lesquels l'entreprise était intéressée par d'éventuelles acquisitions, ont pu susciter des interrogations à cet égard, même s'il a exclu toute opération de rachat « à grande échelle ».
On sait cependant que BP a cherché à former une coentreprise avec les responsables de l'exploration de Shell sur une découverte au large du Brésil afin de réduire ses coûts de développement du gisement pétrolier.
Shell a décliné l'offre – une décision qu'elle pourrait regretter aujourd'hui compte tenu de l'importance de la découverte brésilienne.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, Gordon Birrell, vice-président de la production chez BP, s'est montré dithyrambique quant à son ampleur, deux fois plus importante qu'on ne le pensait auparavant.
La découverte au Brésil est la plus importante réalisée par BP depuis un quart de siècle et confirme la réputation du groupe comme l'un des leaders mondiaux de l'exploration pétrolière.
Les critiques d'Elliott à l'égard de la stratégie de BP se sont également apaisées pour le moment, l'activiste se concentrant désormais plutôt sur la restructuration du géant des boissons Pepsi-Cola.
Mais Elliott et Auchincloss restent en désaccord sur le programme de dépenses de BP. Le directeur général maintient son projet de dépenses annuelles de 12 à 13,7 milliards de livres sterling.
Elliott souhaite que les dépenses soient ramenées à une fourchette de 10,7 à 11,4 milliards de livres sterling. Mais pour l'instant, les activistes semblent satisfaits par le rebond du cours de l'action BP.
Le cours de l'action a progressé de près de 20 % au cours des 12 derniers mois et la capitalisation boursière de l'entreprise s'est améliorée de près de 10 milliards de livres sterling depuis son point le plus bas en avril.
BP a également démontré qu'un programme d'investissement plus ambitieux pouvait s'avérer très rentable. Outre la découverte au Brésil, l'année 2025 a été une année faste pour ses divisions pétrole et gaz, avec le lancement de six grands projets et une amélioration de la fiabilité de ses installations et raffineries.
Un obstacle potentiel réside toutefois dans l'engagement d'Auchincloss à réaliser des cessions d'actifs d'une valeur de 2,3 à 3 milliards de livres sterling cette année afin de réduire sa dette. La baisse générale des prix du pétrole cette année et le manque d'enthousiasme pour les énergies vertes, dans un contexte de contestation des politiques de neutralité carbone, pourraient empêcher BP d'atteindre les rendements escomptés.
Le bilan du groupe est sous tension depuis 2010, date à laquelle l'explosion de Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique a englouti 50 milliards de livres sterling.
Elle a également dû absorber une importante dépréciation de 18 milliards de livres sterling sur sa participation dans le groupe pétrolier russe Rosneft à la suite de la guerre en Ukraine, participation qui avait auparavant été une source de revenus considérable pour le groupe.
Ainsi, même si le cours de l'action s'est redressé et que certaines menaces immédiates se sont estompées, il ne faudra pas grand-chose pour que la pression sur les dirigeants de BP remonte d'un cran.
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