Le réchauffement climatique aurait causé la mort de 1 500 personnes pendant la dernière canicule en Europe

Entre le 23 juin et le 2 juillet, l’ouest de l’Europe a connu une vague de chaleur exceptionnelle. Des chercheurs ont calculé qu’il y avait eu 1 500 décès supplémentaires à cause du réchauffement climatique d’origine anthropique, lequel a contribué à ces températures extrêmes.
Juin 2025 a été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré dans les pays de l’ouest de l’Europe, a annoncé le 8 juillet le service européen Copernicus. Et le 30 juin, nouveau record journalier mensuel, a été “l’une des journées d’été les plus chaudes jamais observées” sur le continent.
“Un dôme de chaleur avec une pression atmosphérique élevée a entraîné une vague de chaleur extrême depuis l’ouest jusqu’au centre de l’Europe avec des températures qui ont atteint presque 35 °C à Londres, 40 °C à Paris et 46 °C dans certaines localités d’Espagne et du Portugal”, rappelle New Scientist. Cette vague de chaleur exceptionnelle de dix jours a été à l’origine de nombreux décès, dont la majorité ne serait pas survenue sans le réchauffement climatique, d’après une analyse qui vient elle aussi d’être rendue publique.
Pour connaître l’impact du réchauffement climatique, des chercheurs du Grantham Institute de l’Imperial College de Londres et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) ont estimé quelle aurait été l’intensité de la vague de chaleur dans douze villes européennes si le changement climatique n’existait pas, et ont pu calculer le nombre de morts supplémentaires causées par le changement climatique.
Dans ces douze villes (Athènes, Barcelone, Budapest, Francfort, Lisbonne, Londres, Madrid, Milan, Paris, Rome, Sassari et Zagreb), ils ont estimé qu’il y avait eu 2 300 décès liés à la chaleur entre le 23 juin et le 2 juillet. Ils ont calculé que “la vague de chaleur aurait quand même tué 770 personnes dans un monde moins chaud. Mais comme le changement climatique augmente les températures jusqu’à 4 °C, 1 500 personnes sont mortes en plus”, rapporte l’hebdomadaire britannique.
“Milan a été la ville la plus touchée, avec 317 décès sur les 499 liés à la chaleur attribuables au changement climatique, suivie par Paris et Barcelone. À Londres, il y a eu 273 décès liés à la chaleur, dont 171 imputables à l’influence de l’humain sur le climat”, liste The Guardian.
“Les vagues de chaleur ne sèment pas la destruction sur leur passage comme le font les incendies et les tempêtes”, indique au quotidien britannique Ben Clarke, l’un des coauteurs de l’étude. Il poursuit :
“Ce sont des dévastateurs silencieux. Un changement de seulement 2 à 3 °C peut faire la différence entre la vie et la mort pour des milliers de personnes.”
La chaleur n’étant pas un motif officiel de décès, relier la hausse de température à la mortalité n’est pas évident. En outre, la grande majorité (88 %) de ces décès concerne des personnes de plus de 65 ans et “les décès surviennent principalement dans les maisons et les hôpitaux, loin de la vue du public”, rappelle le site Climate Home News.
Les études d’attribution prennent généralement beaucoup de temps pour établir ce lien. Là, les chercheurs ont décidé de publier leur analyse avant qu’elle ait été évaluée par d’autres scientifiques comme c’est généralement le cas. Pour Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College de Londres, “il était important de publier rapidement des études, car c’est juste après une vague de chaleur que le sujet est dans la conversation”, rapporte Climate Home News.
Courrier International