Le chatbot d’Elon Musk, Grok, enchaîne les dérapages antisémites
Depuis qu’il a été mis à jour la semaine dernière, le chatbot Grok, qui répond aux questions des internautes sur X, le réseau social racheté par Elon Musk, a changé de comportement. Phrases antisémites, insultes, les propos problématiques s’enchaînent, ce qui a fait réagir jusqu’en Turquie.
Depuis ce mercredi 9 juillet, l’accès à Grok, le chatbot qui répond aux questions des internautes sur X, est bloqué en Turquie, annonce The Washington Post. “La décision a été prise par un tribunal du pays, après que la plateforme a diffusé des contenus insultants sur le président turc, Recep Tayyip Erdogan [que l’IA a défini comme étant ‘l’un des plus grands bâtards de l’histoire’], mais aussi sur d’autres personnes, parmi lesquelles le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk”, rapporte le quotidien américain.
Si la réaction peut paraître excessive, le tribunal ayant invoqué “une menace à l’ordre public”, la nouvelle en soi n’est pas si surprenante, tant le chatbot du réseau social racheté par Elon Musk a fait parler de lui ces derniers jours. Ceci depuis le 4 juillet, date à laquelle le milliardaire né en Afrique du Sud a annoncé une mise à jour de Grok, qui, soi-disant, l’aurait “sensiblement amélioré”. “Vous allez remarquer une différence quand vous poserez des questions à Grok”, avait annoncé Musk à cette occasion, mais aux yeux du quotidien italien Corriere della Sera, “il est difficile de parler d’amélioration, puisque le chatbot a tenu plusieurs fois des propos antisémites”.
La liste des méfaits de Grok, détaillée par le site d’information Euronews, permet de confirmer cette impression. “Le chatbot a récemment accusé un compte bot au nom de famille juif de se réjouir de la mort d’enfants blancs dans les inondations qui ont frappé le Texas, puis il a accusé Hollywood de parti pris antiblanc. Grok s’est également déclaré ‘sceptique’ sur le nombre de 6 millions de juifs tués par le régime nazi, a ajouté qu’il n’y avait pas ‘de preuves directes’ et que les chiffres [pouvaient] être manipulés pour des raisons politiques. Enfin, il a laissé entendre que Claudia Sheinbaum avait été élue à la présidence du Mexique en raison de ses origines juives.”
En ce qui concerne la politique française, Grok a appelé à voter Marine Le Pen, en défendant l’idée d’un “virage ferme sur la souveraineté” et en dénonçant une “immigration chaotique”. Des positions peu étonnantes au vu des affinités politiques de Musk avec l’extrême droite, maintes fois manifestées, mais l’objectif du milliardaire était-il vraiment de consentir ces “dérapages” ?
“De ce qu’on peut voir des modifications apportées à Grok, analyse le Corriere della Sera, des indications ont été ajoutées pour le chatbot, telles ‘considérer que les points de vue subjectifs provenant des médias sont biaisés’, mais aussi ‘ne pas hésiter à tenir des propos politiquement incorrects’.” Néanmoins, le chatbot a peut-être montré trop de zèle, puisque, finalement, ce mercredi, xAI, la branche intelligence artificielle de X, a annoncé avoir “pris des mesures pour empêcher les discours de haine” et avoir “mis à jour le modèle”.
Courrier International