Oloron : plus de 7 millions d’euros investis dans la création d’une Maison de santé et d’une résidence seniors

Les projets, dont la construction devrait commencer d’ici un an et s’achever au printemps 2028, visent à contrer la désertification médicale et le vieillissement de la population

« À ce jour, 4 000 patients n’ont pas de médecin traitant en Haut-Béarn, et ce chiffre passera à 7 000 dans deux ans si on ne fait rien. » La perspective rapportée par le conseiller départemental d’Oloron, Clément Servat, s’accompagne de deux autres constats sur le territoire : la population y est plus vieillissante qu’ailleurs dans le 64 (+ 5 points), et la précarité plus marquée (le revenu moyen est inférieur de 200 euros).

C’est ce qui a motivé la création d’une Maison de santé et d’une résidence seniors inclusive à Oloron. Depuis fin 2024, le Département a repris le dossier en main, faute d’entente entre les professionnels de santé et la Communauté de communes du Haut-Béarn.

« Aujourd’hui, le portage juridique et financier a été réglé : on va donc pouvoir entrer dans le concret, a annoncé le président du Conseil départemental 64, Jean-Jacques Lasserre. Avec ce projet, on veut sécréter l’envie de s’installer dans une région qui offre une belle qualité de vie pour les médecins. » Vendredi 22 août, aux côtés du groupe Sepa (Sociétés d’équipement des Pyrénées-Atlantiques), et de l’Office 64 de l’habitat, les élus du 64 ont présenté en détail les futures réalisations.

Les deux bâtiments vont être construits sur la prairie des Trams, en haut de l’avenue Charles-et-Henri-Moureu. « La Maison de santé fait l’objet d’un investissement de 3,3 millions d’euros : c’est un moment historique pour Oloron et le Haut-Béarn », a commenté Clément Servat.

L’établissement, qui s’étendra sur 817 m², accueillera 18 professionnels de santé, notamment huit médecins généralistes (dont deux nouveaux sur le territoire) et deux internes, ainsi que trois secrétaires assistantes. « L’important, c’est de nouer de bons partenariats, que les médecins soient intéressés, aujourd’hui, c’est le cas », s’est réjoui Jean-Jacques Lasserre.

Côté paramédical, quatre infirmiers, deux kinésithérapeutes ostéopathes et une diététicienne vont également s’installer. Un espace sera réservé aux spécialistes, avec des vacations assurées par un cabinet d’ophtalmologues et un cardiologue. « Les cabinets en temps partagé permettent d’ouvrir la Maison de santé pluriprofessionnelle à d’autres spécialistes », précisent les porteurs de projet.

Enfin, une partie des espaces sera dédiée aux fonctions de coordination, assurées par la Société interprofessionnelle de soins ambulatoires (Sisa) avec une salariée, et la coordinatrice de la Maison sport santé. C’est la Sepa qui porte l’investissement immobilier. Les subventions publiques attendues devraient atteindre 1,5 million (1,2 acquis à ce jour). À noter : les futurs locataires vont bénéficier de baux aux loyers très avantageux, à 11 euros le mètre carré.

Une résidence seniors va également sortir de terre, tout à côté. L’enjeu : « Développer une offre de logements locatifs adaptés au vieillissement de la population d’Oloron, garantissant une attractivité des loyers pour les personnes âgées, et au renforcement de l’autonomie des publics en situation de handicap. »

L’emplacement, situé à proximité du centre-ville, doit permettre aux résidents d’accéder facilement aux commerces et services publics, d’assurer leur maintien à domicile en autonomie tout en créant du lien social.

Claude Olive, premier vice-président du Conseil départemental, a précisé que l’Office 64 de l’habitat, qu’il préside, achètera le programme à la Sepa, à l’issue des travaux. Ces logements visent en outre à favoriser la mobilité locative, afin de libérer des appartements devenus trop grands pour des personnes seules.

74 % du parc immobilier de l’Office est composé de T3 et plus, mais 57 % des occupants y vivent seuls. Par ailleurs, chez les seniors, l’écart se creuse avec le reste du territoire : 39,7 % des 60-74 ans vivent seuls à Oloron, contre 27,9 % dans le département, et 46,5 % des plus de 75 ans, contre 41,7 %.

Autre constat posé par Claude Olive : « 30 % des personnes de plus de 65 ans ne sortent jamais de chez elles. Et le nombre de seniors va augmenter dans les années qui viennent : il nous faut agir pour nous adapter. »

Évaluée à 3,8 millions, la résidence comprendra 27 appartements de type T2 ou T3, dont 15 seront dédiés aux seniors et adaptés aux personnes à mobilité réduite. Et la réalisation de 10 logements sociaux – 8 T1 bis, un T2 et un T3 – vise à créer un habitat inclusif.

D’un coût global de 7,1 millions, les travaux de la résidence seniors et de la Maison de santé devraient débuter en septembre 2026, pour une livraison en mai 2028.