Politique. En fixant le vote de confiance juste avant "Bloquons tout" : Bayrou veut éteindre la grogne sociale

La contestation sociale sera-t-elle court-circuitée par l’annonce surprise de François Bayrou ? Dans la chimie, la métallurgie, les commerces et services, le transport et le monde étudiant… Les appels à la grève et à des manifestations se sont multipliés dans le sillage du mouvement “Bloquons tout”, initialement prévu le 10 septembre.
Et ce n’est évidemment pas un hasard si le Premier ministre décide de se soumettre à un vote de confiance de l’Assemblée nationale… le 8 septembre. La date devance de deux jours celle de l’appel à mettre la France à l’arrêt contre notamment son projet de budget et ses 44 milliards de coupes.
« Nous avons le devoir d’avancer »« La France, ce n’est pas ceux qui veulent l’abattre par le désordre, c’est ceux qui veulent la construire par le courage et la générosité Les Français ont le droit de manifester, mais nous avons le devoir d’avancer », justifie le chef du gouvernement prenant les Français à témoin.
Né sur les réseaux sociaux et agrégeant des colères diverses, le mouvement “Bloquons tout” devait prendre la forme d'une journée sans travail, sans transport, sans consommation. Elle a gagné en visibilité ce week-end avec le soutien d’une grande partie de la gauche, La France insoumise en tête et l’appel à « la grève générale » de son leader, Jean-Luc Mélenchon.
« Un spécialiste dans l’organisation du bordel sans s’interroger sur les conséquences », tacle François Bayrou confronté à la menace d’une mobilisation qui, en cas de succès, était susceptible de se transformer en crash test pour l’exécutif.
Avec son “coup de poker”, le Premier ministre prend de court ces contestataires qui ne sont pas sans rappeler les gilets jaunes de 2018. Comme il prive le chef des insoumis d’une estrade populaire. Mais la colère contre les choix gouvernementaux ne sera pas enterrée, tant les motifs de mécontentement sont nombreux et, parfois, anciens.
Sur la table en particulier : le malaise persistant dans le secteur de la santé. Lundi dans la capitale, les soignants de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP, 38 établissements d’Île-de-France, 100 000 professionnels et huit millions de patients) étaient réunis en assemblée générale pour décider d’un mouvement de "grève unie" à partir du 5 septembre qui pourrait donner le “la” dans le reste du pays.
Et la grogne pourrait survivre à la chute possible du gouvernement. L’intersyndicale des pharmaciens prévoit, elle, une fermeture des pharmacies le 18 septembre puis « tous les samedis à compter du 27 septembre » si le gouvernement ne revient pas sur la baisse du prix des génériques contre laquelle elle s’est déjà mobilisée mi-août.
La Fédération nationale du taxi (FNDT) entend, elle, reprendre le 5 septembre sa mobilisation menée au printemps, principalement contre la réforme de la prise en charge des frais de transport de patients dont l’entrée en application est prévue en octobre.
L’intersyndicale en réunion ce vendrediPrudentes à l’égard du mouvement “Bloquons tout” aux contours flous, les organisations syndicales avaient réservé leur position sur le 10 septembre. Mais l’intersyndicale - CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU - a son propre calendrier. Avant la conférence de presse “chamboule-tout” de François Bayrou, elle avait prévu de se réunir le 1er septembre afin de décider de la marche à suivre pour « défendre ensemble notre modèle social et la dignité au travail ».
La réunion a été avancée à ce vendredi, a fait savoir lundi soir, Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière (FO). « Quel que soit le vote de confiance du 8 septembre, je pense qu’il faut une mobilisation des travailleurs parce que le concours Lépine des mauvaises idées et de la violence sociale contre les travailleurs doit s’arrêter », fait valoir le leader syndical. Cet été, la mobilisation a pris la forme d’une pétition en ligne sur le site change.org qui réunissait, lundi, près de 350 000 signatures.
Le Bien Public