Normandie. 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 : plongée dans le centre d’essais secret de Renault

Depuis plus de 40 ans, le groupe Renault teste ses futurs modèles mais aussi ses véhicules en circulation sur un très discret site de 613 hectares qui jouxte une forêt à Aubevoye, dans l’Eure. Un millier de personnes travaillent dans ce centre technique et d’essais qui fonctionne 362 jours par an, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Reportage
C’est sur les 60 kilomètres de pistes et sur les bancs d’essais du centre technique et d’essai d’Aubevoye, à une heure de Paris, que la nouvelle Renault Clio, qui sera dévoilée le 7 septembre, a déjà roulé des centaines de milliers de kilomètres. Ici, dans l’Eure, la commune nouvelle de Val d’Hazay accueille un des sites stratégiques du groupe Renault.
Aubevoye, c’est l’équivalent de Belchamp, près de Sochaux, pour Stellantis. Un site de 613 hectares, dont un tiers en forêt, qui tourne 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, 362 jours par an. Le site est seulement fermé les 25 décembre, 1er janvier et le 1er mai.
Un millier de personnes y travaillent, à la fois pour tester les futurs véhicules des marques du groupe (Renault, Dacia, Alpine, Mobilize) mais aussi les voitures déjà en circulation. Si les rappels se multiplient depuis quelques mois, l’amélioration de la qualité et de la fiabilité des voitures reste l’obsession de tous les constructeurs. À ce titre, Aubevoye est un formidable terrain de jeu avec ses tunnels de poussière ou ses gués pour tester l’étanchéité…
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Plusieurs pistes s’enchevêtrent à travers la forêt. L’anneau de vitesse, impressionnant, permet aux pilotes essayeurs de monter jusqu’à 250 km/h en toute sécurité et d’enregistrer les réactions de la voiture à une vitesse prohibée sur route ouverte. Il est aussi très utile pour les modèles sportifs, de série ou de compétition, tant pour Alpine que Renault Sport et même Dacia, désormais engagée sur le Dakar. Plus petits sont les tracés sur les chemins de terre et les pistes pavées afin de tester la résistance des pièces.
Au total, ce sont six millions de kilomètres de tests routiers qui sont réalisés chaque année. « Centres-villes, autoroutes, routes dégradées, virages serrés… Chaque prototype est soumis à l’équivalent de cinq années d’usage en quelques semaines et doit demeurer comme neuf », explique Dominique Berthier, expert leader fiabilité et durabilité au sein de Renault Group.

Le centre technique et d’essais Renault à Aubevoye Val d’Hazay, dans l’Eure, compte 60 km de pistes permettant de réaliser six millions de km de tests routiers par an. Photo Thibaud Chevalier
Pour cela, le constructeur mène également de nombreux essais statiques, en laboratoire. Chaque bâtiment du centre technique et d’essais d’Aubevoye est dédié à un usage spécifique. Le pôle d’expertise de la compatibilité électromagnétique dispose d’une des plus imposantes chambres anéchoïques au monde : 300 m² au sol sur 11 mètres de haut, recouverte du sol au plafond de 3 000 cônes absorbants de 1,5 mètre de haut.
« Le nombre d’équipements électriques et électroniques dans un véhicule a plus que quadruplé en 15 ans. C’est autant d’équipements à tester », explique Anis Bouguechal. Et le responsable du laboratoire d’analyse électromagnétique de rappeler que « les ondes électromagnétiques peuvent perturber le fonctionnement des véhicules ».

300 m² sur 11 m de haut, 3 000 cônes absorbants de 1,5 m de haut… Renault à Aubevoye dispose d’une des plus grandes chambres anéchoïques au monde. Cette installation permet de réaliser les mesures sonores. Photo Thibaud Chevalier
Dans un bâtiment voisin, Jean-Marc Hellier et son équipe ont en charge les performances, la consommation et l’autonomie de tous les véhicules, particuliers et utilitaires, du groupe Renault. Ici, les tests sont extrêmes, réalisés sur des bancs où la voiture peut rouler jusqu’à 250 km/h, dans des plages de températures oscillant entre -30 et +50 °C et même un vent supérieur à 200 km/h. Préalablement, les mêmes tests ont été simulés numériquement, les bilans des essais sur bancs permettant d’enrichir les bases de données.

Les aides à la conduite sont menées dans les conditions réelles avec des mannequins téléguidés. Photo DR
Un peu plus loin, voici le pôle d’expertise fiabilité et durabilité : 44 bancs de tests, 18 chambres corrosion… Lesquels s’ajoutent aux essais routiers. « En cinq mois, nous simulons cinq ans de vieillissement dans des conditions extrêmes », indique Dominique Berthier.
« Le fait d’inclure le chantier de durabilité dans nos gênes, en ciblant les 200 pièces les plus sensibles, représentant à elles seules plus de 80 % des incidents qualité, nous a permis d’arriver au niveau des meilleurs. Et nous continuons à nous améliorer », ajoute le responsable du pôle fiabilité et durabilité de Renault à Aubevoye. Un site qui dispose aussi d’un pôle d’expertise dédié aux aides à la conduite (ADAS). Là, ce sont 10 000 tests physiques, concernant 36 systèmes d’ADAS, qui sont menés à Aubevoye. Un site méconnu mais essentiel pour le groupe Renault.

De la conception au lancement : des délais réduits à deux ans
Renault n’échappe pas à la course mondiale engagée depuis cinq ans pour réduire les temps de développement de ses véhicules. Quatre ans ont été nécessaires pour Clio et Australe, trois ans pour Rafale et R5. Twingo et les modèles suivants devront être lancés sur le marché au bout de deux ans.
« Il s’agit de répondre au plus vite aux attentes des clients. L’enjeu est économique. Il est essentiel pour être compétitif », indique Laurent Mouchet, directeur avant-projet et synthèse véhicule de Renault Group. Dans le détail, le temps de la phase de conception a été réduit de 16 %, celui du développement de 40 % et l’industrialisation de 40 %.
Le Républicain Lorrain