« La confiance d’abord, la discussion ensuite »… comment François Bayrou tente d’escroquer l’Assemblée Nationale et les Français

C’est un François Bayrou hésitant et laborieux qui s’est présenté mercredi soir sur le plateau du 20 heures de TF1. Le premier ministre, qui a convoqué un vote de confiance le 8 septembre à l’Assemblée nationale, n’avait visiblement pas prévu que la gauche et l’extrême droite prévoient de voter contre, ce qui entraînera la chute du gouvernement. « Je répète que confiance n’est pas le bon mot », a-t-il tenté d’expliquer, assurant que « le vote qui va être émis sera sur le constat de la gravité de la dette ».
Or dans toute l’histoire de la Ve République, les députés, suite à un discours de politique générale, n’ont jamais accordé la confiance à un gouvernement pour valider un constat, mais bel et bien pour approuver une orientation politique. Et c’est bien pour cela que les députés d’opposition ont annoncé qu’ils voteraient contre la confiance à François Bayrou, qui prévoit une cure d’austérité de 44 milliards d’euros pour le budget 2026.
Le premier ministre semblait persuadé d’avoir trouvé une solution miracle en proposant un vote sur cette question : « Oui ou non est-ce que cette situation mérite qu’on y réponde ? Oui ou non est-ce que c’est grave ? » Mais les députés ont très bien compris qu’un vote de confiance valait soutien au gouvernement et à la politique qu’il mènera, quand bien même François Bayrou assure étrangement qu’une fois la confiance votée, il sera possible de discuter. Une parole donnée qui n’a aucune valeur, après ses mensonges sur le conclave des retraites et lors de l’affaire Bétharram.
Le premier ministre a donc peut-être signé le premier suicide politique par inadvertance de l’histoire. « Il reste douze jours, c’est très long pour parler. (…). Les partis vont se dire » bon on a peut-être parlé un peu vite, on est peut-être allé un peu loin « », a-t-il voulu croire, espérant convaincre députés PS et RN de le sauver. Mais comment, puisque le premier ministre affirme qu’il n’y a « pas d’autre méthode » que la sienne pour réduire la dette, avec une cure de 44 milliards ? « Nous n’avons pas ouvert de négociation car d’abord il faut s’entendre sur le constat. Je suis prêt à négocier sur tout sauf sur un sujet, celui de l’effort à faire », a-t-il asséné.
L’entretien, lunaire, a montré un François Bayrou provoquant sa propre perte et incapable de comprendre qu’il doit au plus vite changer de stratégie. Le chef du gouvernement, refusant de mesurer les conséquences de la crise politique ouverte avec une possible dissolution à venir, s’est ensuite livré à un chantage au chaos. « Ce sera dans les livres d’histoire, le pays est écrasé sous la dette, ça lui enlève chaque année une part essentielle de ce qui est produit, et on va voter contre (ce constat) ? », a-t-il lancé, avant d’affirmer que « si on crée le chaos, qui vont être les victimes ? Les plus jeunes des Français, à qui on a fait croire qu’il fallait encore augmenter la dette ! » Une dette qui a explosé avec la politique macroniste de cadeaux aux plus fortunés.
S’enfermant dans son mensonge et sa tentative d’instrumentalisation en exagérant la gravité de la dette, en plus d’affirmer que lui seul détient la solution pour redresser la situation, le premier ministre a fini par lancer qu’il « met en jeu l’existence du gouvernement parce que les choses sont trop graves ».
Il n’avait visiblement pas prévenu ses ministres de ce coup de poker. Aucun d’entre eux n’a été consulté, selon l’AFP. Selon les enquêtes d’opinion réalisées depuis, 81 % des Français veulent d’un nouveau premier ministre en cas de vote contre la confiance, 69 % veulent une dissolution de l’Assemblée, et 67 % la démission d’Emmanuel Macron.
L'Humanité