En Équateur, le président Noboa déclare la guerre aux guérillas colombiennes

Après l’assassinat de onze militaires dans une embuscade le 9 mai, le jeune dirigeant libéral équatorien, fraîchement réélu avec un discours sécuritaire, a décidé de s’en prendre aux guérillas qui contrôlent l’orpaillage illégal à la frontière avec la Colombie.
Après avoir déclaré la guerre aux gangs en 2024, le président équatorien, Daniel Noboa, a étendu, jeudi 15 mai, ce conflit aux guérillas colombiennes qui opèrent à la frontière entre les deux pays, “dans le cadre de la lutte contre le terrorisme”, informe le média en ligne Primicias.
Fraîchement réélu après avoir adopté durant la campagne un discours sécuritaire qui n’a pour l’instant pas réussi à enrayer la violence dont souffre ce pays andin de 18,1 millions d’habitants, le jeune dirigeant libéral a ordonné le déploiement de 1 500 soldats afin de combattre les Commandos de frontière, accusés du massacre, vendredi 9 mai, de onze militaires patrouillant dans une zone d’orpaillage illégal en Amazonie.
Le Front Oliver Sinisterra – autre dissidence ayant refusé de se soumettre à l’accord de paix signé en 2016 par le gouvernement colombien avec les Farc – et les Comuneros del Sur, provenant de la guérilla de l’ELN, seront également considérés comme des groupes armés organisés “en raison de leur implication dans le conflit armé interne sur le territoire équatorien”. Et donc combattus autant par l’armée que par la police, selon le décret.
Autrefois considéré comme un havre de paix dans une région agitée, l’Équateur a atteint en 2024 le plus haut taux d’homicide des Amériques, avec 39 morts pour 100 000 habitants.
Cette violence est en partie liée aux alliances nouées entre des groupes dissidents des Farc et des gangs locaux tels que les Lobos, les Choneros ou les Tiguerones, afin d’exporter vers les États-Unis la cocaïne, qui passait avant l’accord de paix par des routes contrôlées par la guérilla marxiste colombienne.
Profitant de la faiblesse d’un État corrompu et des ressources du narcotrafic, mais aussi de l’orpaillage illégal et de l’extorsion, ces groupes ont entamé une “transition vers une phase d’insurrection criminelle où les groupes criminels combattent directement l’État” équatorien, afin “d’imposer une domination criminelle similaire à celle qui a lieu dans certains territoires du Mexique ou de la Colombie”, alerte Primicias dans un autre article.
Courrier International