Budget, censure, 10 septembre... Les enjeux de la conférence de presse de François Bayrou ce lundi

C'est le lancement d'une rentrée politique périlleuse pour le Premier ministre. François Bayrou tiendra une conférence de presse à 16 heures ce lundi 25 août, quatre jours après avoir été reçu par Emmanuel Macron au fort de Brégançon.
Et ce, sur fond d'appels à bloquer le pays le 10 septembre soutenus par la gauche, La France insoumise en tête, alors que le projet de budget du gouvernement à 43,8 milliards d'euros d'économies crispe. Si bien que plusieurs sujets représentent des enjeux sur lesquels le locataire de Matignon est attendu.
Sur le pont cet été, il aborde une nouvelle étape de son entreprise de persuasion de l'opinion du bien-fondé de son plan budgétaire annoncé le 15 juillet. Celui-ci comprend notamment une "année blanche" fiscale et la suppression de deux jours fériés. Autant de points qui valent à François Bayrou des menaces de censure à l'Assemblée de la part de la gauche, Parti socialiste compris, mais aussi du Rassemblement national.
"Il n'est pas possible que cette politique cruelle s'applique. C'est pourquoi j'ai la quasi-certitude que la motion de censure sera votée dès le mois de septembre", a déclaré samedi sur TF1 Jean-Luc Mélenchon depuis l'université d'été de LFI.
"Le gouvernement doit reculer faute de quoi il sera censuré", a renchéri le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. Quant au RN, il va présenter "un contre-budget" et si François Bayrou "ne nous entend pas, nous n'aurons pas peur d'appuyer sur le bouton de la censure", a prévenu samedi sur BFMTV la députée de Gironde Edwige Diaz.
De quoi faire reculer le Premier ministre, qui plaide sa cause depuis plusieurs semaines via une série de vidéos Youtube? "À la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies", a-t-il déclaré à l'AFP. Si le montant de 44 milliards d'euros est "intangible", "les mesures peuvent toutes être discutées", a-t-il insisté, "prêt à entendre d'autres propositions".
Son leitmotiv? Sortir du "piège infernal" du surendettement. Cet été, il a ainsi évoqué une "contribution des plus fortunés", à définir avec les parlementaires. Vendredi, il a également promis d'identifier et supprimer d'éventuels "privilèges" des politiques.
"Je sais que je suis minoritaire", affirme-t-il dans un entretien au Parisien, publié samedi. Dans son entourage, le fatalisme est de mise. "Le plus probable est que l'on tombe", confie à la Tribune Dimanche un ministre proche de François Bayrou.
Si Emmanuel Macron lui a apporté un franc soutien cette semaine dans les colonnes de Paris Match, disant "espérer" qu'il puisse rester à Matignon jusqu'en 2027, le chef du gouvernement sait qu'il est dans le viseur de l'opposition. Pour protester contre les coupes budgétaires, une "grève générale" est attendue pour le 10 septembre prochain.
Les syndicats et partis politiques de gauche appellent à une manifestation et plusieurs secteurs pourraient être concernés, comme le ferroviaire. Jean-Luc Mélenchon a apporté son soutien au mouvement, né sur internet, appelant à "bloquer" le pays. Le PS a lui expliqué vouloir "accompagner" la mobilisation
"C'est: 'Le pays est devant de grands risques, tiens, nous allons le bloquer!' Comment défendre ça?", questionne François Bayrou dans Le Parisien. "Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays", poursuit-il chez La Tribune Dimanche.
Celui qui est attendu mardi à l'événement de rentrée de la CFDT, puis jeudi à celui du Medef souhaite "une rentrée à la hauteur de l'Histoire, pas une rentrée de décomposition avec mobilisation, négociation, marche arrière."
Ses ministres doivent entamer "au cours des deux semaines qui viennent" les discussions avec les groupes parlementaires, selon le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola.
Le gouvernement a par ailleurs d'autres ouvrages sur le métier, dont certains à hauts risques, comme le projet d'autonomie de la Corse, auquel s'oppose le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
Le nouveau patron des Républicains a regretté que n'aient pas été retenues des modifications suggérées par le Conseil d'État sur le texte initial salué par François Bayrou, et validé par l'Assemblée de Corse, qui l'a adopté à l'unanimité moins une voix.
L'avis du Conseil d'État enlevait notamment la notion de "communauté" corse, "de lien singulier (de cette communauté) à sa terre" et refusait un pouvoir législatif autonome à la Collectivité de Corse.
Pour être adoptée, cette réforme constitutionnelle devra être votée dans les mêmes termes par l'Assemblée nationale et le Sénat, puis, lors de leur réunion en Congrès, à la majorité des trois cinquièmes.
Parmi les autres questions susceptibles d'être évoquées par le Premier ministre à cet exercice de rentrée, on trouve la Nouvelle-Calédonie. Le ministre des Outre-mer Manuel Valls tente de son côté de maintenir en vie l'accord de Bougival sur l'avenir institutionnel de l'archipel, rejeté par les indépendantistes du FLNKS.
L'exécutif entend par ailleurs présenter une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, qui suscite déjà l'opposition des syndicats. Il doit également publier prochainement le décret sur la programmation pluriannuelle énergétique (PPE).
François Bayrou est enfin résolu à mener à bien quelques combats historiques comme la proportionnelle aux législatives ou la "banque de la démocratie" pour financer les partis politiques.
BFM TV