Billet. Le déminage va débuter

En France, il vaut mieux être Président que Premier ministre. L’Élysée, quoi qu’il puisse se passer, offre toujours un peu plus d’horizon. Et les emmerdes, c’est bien connu, sont d’abord pour Matignon. Francois Bayrou a compris, cette année, qu’il ne sera jamais Président et qu’il ne sera peut-être bientôt plus Premier ministre. Il n’a pas eu d’été, préparation du budget oblige, et voilà que Jean-Luc Mélenchon lui promet un sale automne. Les nuages noircissent le ciel et les vents soufflent fort. La journée de blocage du 10 septembre soutenue par la gauche, la rentrée sociale brûlante, la motion de censure de LFI… L’homme qui voulait 44 milliards d’économies est en sursis, son gouvernement aussi. Et sa conférence de presse ce lundi pourrait même être sa dernière.

Après un dîner avec Emmanuel Macron au Fort de Brégançon, François Bayrou monte au front pour expliquer et surtout déminer son plan d’austérité. Prendre les Français à témoin. Sous pression et seul, l’exercice s’annonce compliqué. Une fois de plus. Les chefs de gouvernement ne sont plus des architectes mais des pompiers. Déminer, apaiser les tensions, lâcher du lest sur les jours fériés, s’attaquer aux privilèges des politiques, négocier avec les partenaires sociaux, les partis, et même avec le RN en juge arbitre ? L’Himalaya n’est pas un col des Pyrénées. Que peut faire Bayrou quand les dés semblent jetés ? Insister sur l’après ? Sur une France sans budget ni gouvernement ni majorité ? Sur le chaos annoncé ? Quand LFI ne rêve que d’une chose, voir Emmanuel Macron démissionner.

En allant au bout de ses idées et de la nécessité de réformer un État surendetté, le Premier ministre, à défaut d’une rentrée, pourrait s’offrir une sortie « à la hauteur de l’Histoire ». Et un retour à la mairie de Pau qu’il n’aura finalement jamais quittée. Attention, tout peut encore arriver, même un vote du budget si le PS ou le RN se décide à l’épargner. On ne peut pas croire que l’Élysée cherche déjà un nom pour le remplacer…