Société. Cécile Bazin : « Le bénévolat ponctuel, c’est un engagement qu’on maîtrise »


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Cécile Bazin, directrice générale et cofondatrice du réseau d’experts et d’universitaires Recherche et solidarités. Également très investie dans le fonctionnement de la plateforme de mise en relation locale à Lyon Tous unis, tous solidaires, elle répond à nos questions sur l'engouement pour le bénévolat ponctuel.
Que représente l’engouement pour des missions de bénévolat ponctuel par rapport à l’ensemble de l’engagement associatif ?
« On observe depuis 15 ans et notre première enquête que le bénévolat dit ponctuel a en effet progressé. Il est passé de 4,5 à 7 % de l’engagement des Français, ce qui est allé de pair avec une diminution de l’engagement régulier. En revanche, notre toute dernière enquête montre un très léger regain d’un engagement qui s’inscrit sur la durée. »
Les nouvelles plateformes de mise en relation répondent-elles bien à l’évolution des besoins ?
« Oui, les plateformes sont très utiles à tous, même si les jeunes sont beaucoup plus habiles naturellement que beaucoup de seniors. Les plateformes raccourcissent le temps entre l’envie de s’engager et la concrétisation. Cela force les associations aussi à bien identifier leurs besoins pour publier des annonces concrètes. »
Est-ce que le bénévolat ponctuel est aussi bénéfique pour l’individu et la société ?
« Même si c’est ponctuel, l’individu va développer une capacité à mener une action à plusieurs, être attentif à l’autre. Ceux qui interviennent ponctuellement le font parfois par souhait, mais c’est souvent par contrainte. Le bénévole ponctuel d’aujourd’hui, c’est peut-être quelqu’un de très régulier demain. »
C’est aussi une garantie pour le bénévole de ne pas finir en « burn-out » comme c’est parfois le cas dans des associations…
« Il y a en effet des situations qui peuvent être mal vécues par des bénévoles, qui prennent de l’âge, qui n’arrivent pas à passer la main. Le temps, c’est le premier facteur de non-engagement. Selon notre dernière enquête, 12 % des bénévoles subissent leur engagement par de l’inquiétude ou de la désillusion et c’est souvent lié à leur surinvestissement. Le bénévolat ponctuel, au contraire, c’est un engagement qu’on maîtrise. »
Pour les associations, est-ce que c’est une solution à la crise du bénévolat et au manque de bras ?
« La société évolue, il n’y a pas de raison que le bénévolat échappe à ces mutations. Les associations doivent s’y adapter, mais c’est compliqué car elles ont aussi besoin de personnes qui soient actives dans la durée. Pour autant, on ne peut pas parler de crise du bénévolat ou des vocations. La hausse de l’engagement des jeunes est pleine d’espoir. »
Le Républicain Lorrain