Dans le Var, il violait son épouse durant son sommeil: la mère de famille raconte l'enfer qu'elle a vécu auprès de son époux

Le président Roger Arata ne passera qu’une courte tête, une semaine, à la cour d’assises de Draguignan. Le temps de juger deux affaires de viol. Ironie du calendrier judiciaire, le magistrat qui avait présidé le procès de Dominique Pelicot fin 2024 se penche depuis ce lundi sur une nouvelle affaire de viol par conjoint, où l’accusé profitait de l’endormissement de sa victime pour commettre son crime.
C’est ce qu’avait confié Lucie (1) en décembre 2017 et après bien des tergiversations à une amie. Les deux femmes avaient lié connaissance au sein d’un groupe de parole où la mère de famille abordait souvent les besoins sexuels quotidiens de son mari auxquels elle avait du mal à faire face.
"Une poupée de chiffon"Déjà victime d’un viol sur son lieu de travail en 2006, Lucie racontait plus tard aux gendarmes de Saint-Maximin qu’elle s’était rendue compte courant 2008 que Laurent profitait de son endormissement provoqué par ses médicaments pour avoir des relations sexuelles avec elle. Ce dernier lui expliquait alors qu’il ne s’était pas aperçu qu’elle dormait.
Les viols avaient débuté selon elle dès leur mariage en 2007, Laurent ne respectant jamais ses refus. Un matin, elle s’était réveillée alors que son mari tentait de lui introduire un tube de lubrifiant dans l’anus... Afin de la "décontracter" dira le mis en cause aux enquêteurs, évoquant un "jeu" destiné à éveiller le désir sexuel de sa partenaire, décrite par le sexagénaire durant l’instruction comme "une poupée de chiffon".
C’est également dans le but de provoquer du plaisir à Lucie qu’il avait essayé à trois ou quatre reprises de l’étrangler durant des rapports sexuels. S’arrêtant parce que son épouse avait du mal à respirer.
Condamné pour meurtre en 1990Dans le but de faire comprendre à son époux qu’elle n’acceptait pas ces pratiques, Lucie avait entrepris plusieurs démarches auprès d’un sexologue, d’un médiateur, d’un psychologue et enfin d’un groupe de parole. Sans succès. La mère de famille redoutait plus que tout prévenir les autorités, craignant une réaction violente de Laurent. Car ce dernier avait été condamné en 1990 à 13 ans de réclusion criminelle pour meurtre. Il avait étranglé sa maîtresse de l’époque.
Également jugé pour violences sur ses enfants - il a pu utiliser une cravache pour cela - mais "sans jamais les avoir envoyés à l’hôpital", Laurent devra répondre par ailleurs de faits d’agression sexuelle sur sa fille. Alors âgée de 13 ans, Marine avait sollicité l’aide de ses parents pour s’épiler au niveau des parties génitales. Laurent avait procédé lui-même à l’épilation en répartissant la crème dépilatoire sur son sexe avec son doigt.
L’accusé, défendu par Me Eve Mori-Cerro, encourt 20 ans de réclusion criminelle. Les parties civiles sont représentées par Me Anna Reis. Le verdict sera rendu mercredi. D’ici là le procès se tiendra à huis clos.
1. Afin de préserver l’anonymat des parties civiles, tous les prénoms, y compris celui de l’accusé, ont été modifiés.
Var-Matin