Yoann Offredo, les roues de l’infortune

Assis sur un rocher le long d’un ruisseau, Yoann Offredo tourne la tête à gauche, à droite. Il secoue les épaules et se pétrit le biceps droit. Il dit : «Depuis quelques jours, je ne dors plus.» Il hésite. «Je sortais d’un restau, à Toulouse, où le Tour a fait étape, et un mec est tombé du ciel.» Il s’arrête. «Il y a eu un énorme bruit et, tout d’un coup, le silence complet.» Un SDF s’est suicidé, sautant du dernier étage d’un parking. L’ancien cycliste pro sur route continue : «Je m’en veux. Je ne sais pas de quoi, mais j’ai le sentiment d’une immense injustice.» Tout Yoann Offredo, 38 ans, est dans ce fait divers tragique. Il voudrait sauver le monde en oubliant parfois de se sauver lui-même.
On se rencontre sur les contrebas du mont Ventoux, dans le village de «Malaucène», au nom évoquant la saga de Daniel Pennac. Avec sa tête de héros de BD, sa mèche blonde, ses traits juvéniles comme tracés au crayon, le consultant de France Télévisions pourrait être un personnage de l’écrivain. Un mélange de «Benjamin» (il veut bien faire, mais attire les problèmes), du «Petit» (il doit vivre avec ses cauchemars) et de «C’est un Ange» pour la dimension christique inhérente à tous coureurs
Libération