Tour de France : Healy le magnifique, Pogacar et les puncheurs, trou noir de Vingegaard... Coups de cœur et coups de griffe de nos envoyés spéciaux

ANALYSE - Après dix étapes, le Tour de France marque une pause avec une journée de repos. Bilan après un démarrage en trombe de cette édition 2025.
Coups de cœur
Healy voit doubleLa carte fraîcheur de cette première partie de Tour de France. Ben Healy au style si peu académique s’est offert la sixième étape entre Bayeux et Vire avant d’enfiler le maillot jaune lundi en prenant la troisième place de l’étape. Le coureur irlandais de la formation EF Education-EasyPost et sa volonté sans faille spnt la belle surprise de ces dix premiers jours de course aux côtés des spécialistes attendus pour la victoire d’étape, comme Remco Evenepoel, Tadej Pogacar, Tim Merlier, Mathieu van der Poel, Philipsen ou encore Jonathan Milan.
Passer la publicitéUn grand départ dans la frénésie lilloise (les meilleures audiences télé depuis 2000 avec un pic à 50,6% d’audience), un million de spectateurs dans le Nord malgré la pluie, une véritable folie dans l’ascension de Mûr-de-Bretagne où 40.000 spectateurs s’étaient massés donnant l’impression d’être dans l’Alpe d’Huez, la Normandie qui accueille les enfants du pays Guillaume Martin et Kévin Vauquelin dans une ambiance bouillante et le décor enchanteur de Saint-Malo. Le Tour 100% français (une première depuis cinq ans) captive. Une réussite totale sur le bord des routes.
À lire aussi Tour de France : les images de Mûr-de-Bretagne en feu, toute une région en fête
Vauquelin, le porteur de flambeau pour Arkéa-B&B HotelsLe jeune Normand au bouc de d’Artagnan a animé la première semaine de course en montant sur le podium et en collant aux meilleurs dans les nombreuses côtes escaladées avant de craquer un peu lundi dans la première étape de montagne. Une faiblesse qui l’a fait tomber du podium (il occupe la 6e place) avant une journée de pause qui va lui faire un bien fou. Le puncheur au grand cœur célébré dans une grande liesse à Bayeux où il est né brille aussi pour permettre peut-être à son équipe, Arkéa-B&B Hotels de trouver des sponsors et continuer l’aventure au-delà de 2025. De lui dépend peut-être l’avenir de 150 employés.
Tour de France : Delon, Ventura, Cruise ou Schwarzenegger, ces stars qui faisaient le show dans la caravane
Accéder au diaporama (15)
Comme tous les ans, les chutes ont accompagné la première semaine du Tour de France et fait des dégâts dans un peloton nerveux. Certains ont été contraints à l’abandon juste après avoir mordu la poussière (Jasper Philipsen, Filippo Ganna). D’autres ont essayé de surmonter la douleur le plus longtemps possible avant de jeter l’éponge. João Almeida s’est retiré dimanche (fracture d’une côte) et Georg Zimmermann, lundi, après une journée cauchemar. Quelques rescapés ont trouvé les ressources pour continuer alors qu’ils étaient dans un piteux état, comme Louis Barré, qui a terminé la septième étape fesse râpée et coude ensanglanté, Un «warrior», a souligné son équipe Intermarché-Wanty.
À lire aussi Tour de France : y a-t-il vraiment davantage de chutes qu’auparavant ?
Les puncheurs, nouvelles stars du pelotonIls sont les têtes d’affiche du blockbuster estival sur les routes du Tour de France, capables de placer des accélérations fulgurantes pour sortir du peloton et escalader les courtes côtes à fort pourcentage en fin d’étape. Les journées réservées aux sprinteurs se raréfient au fil des années au profit des parcours accidentés truffés de petites difficultés avec des arrivées dessinées en montée. Au cours de la première semaine, quatre des neuf premières étapes étaient taillées pour ces dynamiteurs au profil de plus en plus apprécié par les spectateurs, comme Tadej Pogacar, évidemment, ou Mathieu Van der Poel.
À lire aussi Tour de France : le patron du cyclisme mondial répond aux critiques de Van der Poel inquiet sur les chutes
Coups de griffe
Passer la publicitéLa formation néerlandaise conduite par Jonas Vingeaard et son casque rouge et blanc espérait être en mesure de faire de l’ombre à Tadej Pogacar et UAE Team Emirates. Le contre-la-montre totalement raté par le Danois à Caen (5e étape) contraint sa formation à une indécise course-poursuite. Vingegaard va disposer de terrains plus favorables mais le Tour passe vite et l’affaire est très mal engagée. Visma a retrouvé des couleurs et le sourire avec la victoire d’étape de Simon Yates au sommet du Mont-Dore. En espérant avoir mis le pied dans des jours meilleurs. Pour passer à l’attaque. Et ne pas seulement faire semblant.
Le poison des réseaux sociauxInvolontairement à l’origine de la chute de Jasper Philipsen, contraint à l’abandon lors de la 3e étape arrivant à Dunkerque, Bryan Coquard, très touché par l’épisode, a vu s’abattre les messages hostiles sur les réseaux sociaux. Jasper Philipsen a ensuite exonéré le sprinteur français de toute responsabilité dans sa chute et ramené un peu de sérénité. La diffusion de certains messages et leur prolifération jettent, inutilement, de l’huile sur le feu.
Les chutes, le traditionnel fardeauElles font partie de la course mais les chutes glacent toujours autant les acteurs, les spectateurs et les téléspectateurs, avant de tourner en boucle sur la Toile. La vitesse, les enjeux colossaux, la prise de risques excessive, la performance toujours plus pointue du matériel, le défilé des aménagements routiers hérissés comme des pièges composent un cocktail qui sème invariablement la zizanie et la peur dans le peloton. Avant de traîner des images qui font froid dans le dos et animent les cauchemars. Un problème récurrent. Un fardeau.
À lire aussi Tour de France : y a-t-il vraiment davantage de chutes qu’auparavant ?
Alaphilippe, un début ratéSon retour sur le Tour était attendu. Absent en 2024 (il avait opté pour le Giro et les JO), Julian Alaphilippe a retrouvé le Tour avec émotion. Et le public lui témoigne toujours une affection particulière. Mais malade, en début de Tour, il n’a pu montrer le bout du nez qu’à Boulogne-sur-Mer (5e de la 2e étape). Il reste accroché à son objectif de départ, une victoire d’étape. En espérant avoir digéré les efforts d’un début de Tour qui ne libère que peu d’espace pour s’échapper, rêver, briller.
Du plus soporifique au plus excitant, notre classement des éditions du Tour de France au 21e siècle
Accéder au diaporama (12)
lefigaro