Sur TF1, Emmanuel Macron se prononce contre le port du voile dans le sport mais ce n’est pas ce que dit le CIO

Par Hugo Bachelet
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Emmanuel Macron sur le plateau de TF1 lors de sont interview, le 13 mai 2025. JACQUES WITT/SIPA
Attendu au tournant sur le sujet, le chef de l’Etat s’est dit favorable à l’interdiction de « tout port de signe religieux dans les compétitions » lors de son interview mardi soir. Une annonce en désaccord avec les règles du Comité international olympique.
C’est une épineuse question qui agite le monde politique et sportif depuis plus de deux mois. Lors de son interview sur TF1 mardi 13 mai, Emmanuel Macron a affirmé être défavorable au port du voile dans les compétitions sportives : « Je suis pour la charte olympique qui interdit tout port de signe religieux dans les compétitions. » C’est l’haltérophile Sylvie Eberena, championne de France qui défend, sur les réseaux sociaux et dans la presse, son droit à concourir la tête recouverte qui a interpellé en direct le chef de l’Etat sur le sujet.
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Adopté au Sénat en février dernier, le projet de loi des Républicains sur l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans le sport doit être examiné sous peu à l’Assemblée nationale. La mesure concerne les compétitions professionnelles et amateures. L’argument de vouloir coller à la charte est toutefois contestable, au regard des règles éditées par le Comité international olympique (CIO).
Lors des JO, les athlètes sont en effet autorisées à participer en portant le voile. Si la règle 50.2, appliquée depuis le 17 juillet 2020, indique qu’« aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique », le CIO considère le voile comme objet culturel et non cultuel.
« Une atteinte à nos droits humains »Quid de la pratique à l’entraînement ? « C’est aux fédérations de décider, nuance le président de la République. Dans les infrastructures sportives pour aller s’entraîner, je pense qu’il faut du pragmatisme et la loi ne l’empêche pas. »
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Lors des JO 2024, les athlètes françaises avaient été sommées de ne pas porter le foulard en compétitions. Une coalition d’organisations avait alors adressé une lettre au CIO en mai 2024 pour l’appeler à prendre des mesures et à s’exprimer sur le sujet. Ce dernier avait alors botté en touche, affirmant que l’interdiction imposée par la France ne relevait pas de la responsabilité du mouvement olympique, précisant que « la liberté de religion est interprétée de différentes manières par les différents Etats ». Balle au centre.
Plusieurs sportifs ont pris position sur le sujet. Le judoka Teddy Rinner avait soufflé que la France « perdait son temps » et qu’il serait préférable de « penser égalité » plutôt que de « s’acharner sur une seule et même religion ». La basketteuse Hélène Bâ, qui n’est plus autorisée à participer aux compétitions depuis octobre 2023, avait commenté auprès d’Amnesty International l’interdiction du voile pendant les JO : « C’est une violation claire de la charte des valeurs et des dispositions olympiques, une atteinte à nos droits humains et à nos libertés fondamentales. »
A l’heure actuelle, seules quatre fédérations ont prononcé l’interdiction du voile en compétitions officielles, indépendamment du niveau pratiqué : le football depuis 2016, le basket (2022), le volley (2023) et le rugby en 2024. Des interdictions confirmées par le Conseil d’Etat, qui avait estimé que les fédérations étaient libres d’édicter les règles qu’elles jugent nécessaires au bon déroulement des compétitions.
Le Nouvel Observateur