La touche offensive du RCT, rampe de lancement grippée

Longtemps, cette saison, la touche toulonnaise a été une force. Défensivement, les compères d’Esteban Abadie se régalaient à contrarier tous les alignements d’Europe quand, offensivement, ils aimaient imposer leur rugby grâce à ce secteur de jeu.
"Rien que sur la moitié de saison, on avait inscrit autant d’essais sur ballons portés que sur l’intégralité de l’année passée", amende Jules Coulon, titulaire sur l’aile de la troisième ligne à Pau. Sauf, que.
Les deux dernières confrontations face au Stade toulousain ont largement contrarié les Varois. "C’est un peu à l’image de ce qu’on est en ce moment, souffle l’entraîneur, Pierre Mignoni. Mais ce n’est pas que la touche, que la mêlée, que la conquête… c’est un peu partout. La touche, forcément, ça se voit beaucoup plus. Il y a une multitude de détails que tu dois bien faire et c’est vrai que ces derniers temps, on les fait moins bien."
Seulement 58,33% de réussite au VélodromeEt dans les chiffres, ça se confirme. Sur ses sept dernières sorties, Toulon n’a jamais été aussi imprécis que lors de la double confrontation face au Stade toulousain.
Des prestations bien loin de ses standards. Ainsi, lors du quart de finale de Champions Cup à Mayol, la bande à Mignoni a égaré quatre de ses 18 touches (soit 77,78% de réussite).
Pire, au Vélodrome, l’alignement mené par Teddy Baubigny a perdu cinq de ses douze lancers (soit seulement 58,33% de réussite). Très loin des pourcentages auxquels le RCT s’était habitué.
La preuve? Il a tourné à 92,86% à Vannes (13/14), 83,33% contre Clermont (15/18), 93,33% contre les Saracens (14/15), 90% à Castres (9/10) et 93,33% face à Perpignan (14/15).
"Des erreurs individuelles qui pénalisent le collectif"Bien moins souverains dans les airs, les avants toulonnais peinent à lancer leur jeu. Alors, comment l’expliquer? Dany Priso Mouangué livre quelques éléments: "La touche, c’est un travail collectif. Que ce soient les lifteurs, les talons, les sauteurs, il y a tout un boulot à fournir, ensemble. Alors, oui, l’équipe d’en face a le droit de bien défendre sur certaines touches. Mais, toi, tu dois faire le nécessaire. Les erreurs que l’on fait sont interdites. Quand le lifteur ne porte pas bien le sauteur, quand le sauteur met plus de temps à se lancer… ça, ce sont des erreurs individuelles qui pénalisent le collectif."
Ces "erreurs" sont-elles dues à de la concentration, de la technique? Le pilier gauche international (31 ans, 18sélections) poursuit: "Dans un alignement, une erreur en entraîne une autre. Si le sauteur fait mal sa course d’élan et que le talon lance au moment où, pour lui, c’était calibré, ça amène une perte de balle. Les lifteurs ne peuvent pas être dans le bon timing et, derrière, tu la perds. Et on doit gommer ça. On ne s’est pas fait chier à construire quelque chose toute la saison pour devoir se remettre en question maintenant et se dire: “Qu’est-ce qui se passe en touche?" Non. On l’a en nous. On l’a travaillé, on sait faire. Oui, ça nous préoccupe mais on ne peut retrouver ça qu’à travers du travail. Là, on se remplit juste de frustration. »
Simplicité et rapiditéComment retrouver de la confiance dans un secteur si disputé et analysé? Jules Coulon reprend: "C’est bateau, mais on doit repartir sur des fondamentaux. Des choses beaucoup plus simples, plus rapides. On ne peut pas avoir une saison parfaite dans tous les secteurs. Ça arrive d’être moins bien. Il faut retrouver un vrai liant. On sait où on pèche un peu et où on doit être plus fort."
Toujours privé de son capitaine et sauteur David Ribbans, Toulon devra également composer sans Matthias Halagahu, forfait. Au Hameau, de nouveaux joueurs devront se révéler au coup d’envoi.
À l’image du jeune Pierre Damond, titularisé pour la première fois de sa vie avec le numéro 2. Et, dans l’alignement, comptez sur les Esteban Abadie, Jules Coulon et Corentin Mézou pour relever la tête.
Plus que jamais, Mignoni et ses hommes doivent retrouver les clés d’un camion qui leur a rapporté tant de points cette saison.
Var-Matin