En lice à Monaco où il a été victime d'une impressionnante collision, Tom Chiappe peut devenir champion du monde en bateaux électriques à foils

À seulement 25 ans, Tom Chiappe est déjà double champion du monde de karting et pilote confirmé de course motonautique. Cette semaine, c’est à Monaco qu’il retrouve le baquet de son bateau électrique à foils, pour une nouvelle manche de l’E1 Series. Une compétition à laquelle il croit dur comme fer, tant pour son potentiel que pour son message écologique. Victime, ce samedi, d'une collision à grande vitesse sur le plan d'eau monégasque, sa présence n'est pas compromise pour la course de ce dimanche. Portrait.
Originaire de Rouen, Tom Chiappe a grandi dans le bruit des moteurs et le sillage des légendes. Son père, Philippe Chiappe, n’est autre que triple champion du monde en F1 motonautique. Un nom qui résonne dans les paddocks nautiques comme un gage d’excellence. Le fils ne dérogera pas à la règle.
" J’ai commencé le karting à l’âge de 5 ans ", rappelle Tom. " En parallèle, je faisais aussi du BMX et du motocross. J’ai toujours été plongé dans la compétition. " À 16 ans, il passe à l’eau. Il intègre l’Emirat Racing Team dans le championnat du monde d’endurance motonautique F4H20. Dès 2016, il se fait remarquer. Vice-champion en 2017, il décroche le titre mondial l’année suivante, devenant le plus jeune champion de la discipline.
Pas le temps pour la pratiqueLa crise du Covid vient bousculer son programme. Il revient alors à ses premiers amours : le karting. Recruté par l’écurie suisse Eiriz Racing, il s’illustre dans le championnat du monde SWS. En 2023, il décroche un second titre mondial. Et aujourd’hui, il alterne entre les deux disciplines.
" Je suis l’un des seuls à participer à deux championnats du monde différents. Cela représente environ 25 courses dans l’année. Je n’ai pas le temps de m’entraîner entre deux. Je mise tout sur ma préparation physique avec environ 30 heures de sport par semaine ", raconte-t-il.
Nadal comme mentorDepuis deux ans, Tom participe à l’E1 Series, un championnat du monde de bateaux électriques à foils lancé en 2023. Une discipline encore confidentielle mais promise à un grand avenir. " L’E1, c’est la catégorie reine du pilotage de bateaux électriques. Remporter ce championnat, c’est le Graal. "
Chaque équipe est composée d’un homme et d’une femme, dans une volonté assumée de parité. Tom court pour la Team Rafa, soutenue par Rafael Nadal. " Je fais partie de son équipe depuis le début. Il n’est pas juste un nom sur la coque, il est très impliqué. J’étais encore avec lui jeudi soir après mes essais. On débriefe ensemble. Il me donne des conseils. C’est un peu un mentor ", se réjouit-il.
La coéquipière de Tom, Cris Lazarraga, vient quant à elle du jet-ski. " C’est ça aussi qui rend la compétition intéressante. On vient tous d’horizons différents : de la moto, du vélo, de la voile, du karting… " Et pourtant, les conditions sont les mêmes pour tous. " Tous les bateaux sont identiques. Même le poids est ajusté. Chaque pilote est pesé avant la course et ensuite une moyenne est générée. On rajoute environ 10kg dans mon bateau dans mon cas. On ne peut pas modifier les hélices, ni les foils. Les datas sont partagées entre les équipes. L’objectif, c’est une compétition équitable, paritaire et écologique. "
À Monaco comme à la maisonDepuis vendredi et jusqu’à samedi, la Principauté accueille une nouvelle étape de ce championnat aux ambitions mondiales. Sept courses sont prévues cette année, dans sept pays différents. Après les essais libres du jeudi, les qualifications ont eu lieu ce vendredi, avant la grande course samedi.
Un moment à part pour le jeune pilote. " À Monaco, c’est comme un Grand Prix à la maison. Cette étape est très importante. " Mais les conditions s’annoncent redoutables comme il l’expliquait vendredi après les premiers essais sur le circuit positionné en face des quais de Mareterra. " Le tracé n’est pas simple. On est en pleine mer, avec beaucoup de vagues. Le bateau décolle à chaque accélération. Il faut garder le contrôle malgré les sauts. C’est un parcours exigeant, mais que j’affectionne particulièrement. "
La spécificité des E1 ? Ces bateaux volants à foils, monoplaces et 100% électriques. " On vole complètement. Le bateau ne touche pas l’eau. Il faut le garder le plus longtemps possible dans les airs. C’est génial, mais ça demande beaucoup de précision. "
Objectif la double couronneÀ ce stade de la saison, Tom Chiappe est en tête du classement général. Il reste trois étapes, Monaco compris. Le grand final est prévu le 8 novembre prochain à Miami. Rien n’est joué, mais l’ambition est claire. " Le rêve serait de devenir champion du monde à la fois en karting et en E1. J’ai la chance de pouvoir faire les deux disciplines. Alors, je vais tout donner. "
Une détermination sans faille, nourrie par des années de travail, d’héritage et de passion. À Monaco, Tom Chiappe court presque chez lui. Mais c’est vers l’histoire qu’il regarde, prêt à marquer son sport sur route comme sur mer.
Var-Matin