C'est quoi cette nouvelle clinique anti vieillissement de Pep Guardiola ?

Pep Guardiola ne donne (vraiment) pas beaucoup d'interviews, mais quand il s'y colle, on ne s'ennuie pas. Dans un long entretien accordé à GQ Espagne, fin juillet, l'entraîneur de Manchester City a par exemple avoué qu'il avait l'impression d'avoir... 75 ans.
Avant de se lancer dans une longue tirade, légèrement raccourcie pour les besoins de cet article : « J'ai un peu appris à lever le pied (...). Je ne sais pas si c'est un truc culturel ou religieux, ce sentiment de culpabilité. Je ne sais pas si les enfants d'aujourd'hui vont beaucoup à l'église ou pas, mais à mon époque, c'était une part importante de notre éducation, et ce sentiment de culpabilité lié au bien ou au mal, je l'ai intégré. Mais avec le temps, j'ai aussi appris à prendre du recul, et [à comprendre] que parfois, ne pas travailler te permet de mieux faire ensuite. »
C'est ce genre de réflexions et quelques autres qui ont conduit Guardiola à investir dans la Monarka Clinic, un établissement médical qui entend « redéfinir le vieillissement » et a ouvert ses portes le 6 juin 2025 dans le quartier chic de Gràcia, à Barcelone.
« La majorité de nos impôts devrait aller aux écoles et aux cliniques, estimait aussi le Catalan dans cette interview accordée dans le cadre de l'inauguration de l'établissement. Parce que les écoles nous rendent meilleurs et les cliniques nous permettent de vivre plus longtemps. Et tout ce qui va dans ce sens, je le soutiendrai toujours. Mais je suis un peu ignorant dans ce domaine, donc il faut savoir s'entourer des bonnes personnes pour s'y engager. Rencontrer Mireia et Montse m'a énormément aidé. »

L'entrée de la Monarka Clinic, dans le quartier de Gràcia, au nord-est de Barcelone. L'établissement doit son nom au papillon monarque, célèbre pour ses migrations de très grande ampleur en Amérique. (Instagram@monarkaclinic)
La première, le docteur Mireia Illueca, a opéré l'entraîneur d'une hernie discale, le 22 août 2023. La seconde, Montse Escobar, est psychologue et présente, selon la clinique, une capacité à identifier les « racines émotionnelles des maux physiques ». C'est là toute la particularité de l'établissement ou en tout cas l'image qu'il souhaite véhiculer.
De son nom - qui fait référence au papillon monarque, capable de migrer sur des distances pouvant atteindre 5 000 km - jusqu'à son site internet soigné, l'idée est toujours la même : à Monarka, on dit soigner différemment, par le biais d'une approche « intégrative, humaine et holistique », des technologies avancées et des études scientifiques à la pointe.
« Chez nous, la différence, c'est qu'il y a un groupement de spécialistes qui se parlent entre eux, résume Daniel Muigg, directeur financier et cofondateur de l'établissement. Vous pouvez consulter la chirurgienne qui a opéré Pep pour un problème de dos, par exemple, mais il y aura ensuite des discussions avec une équipe compétente en psychologie, en neurologie, et ils vont, tous ensemble, essayer de trouver le chemin pour savoir d'où venait la douleur. C'est ça, le coeur de Monarka : on considère le corps comme un tout, on cherche les causes. Quand vous avez mal au dos, ça peut venir de plein d'endroits. »
Pour Héctor Izquierdo, le journaliste qui a longuement interrogé Guardiola fin juillet sur son rapport à la santé, « Pep est parfaitement sincère quand il parle de ces thèmes, de la manière dont le mental peut influencer le physique et vice versa. »
Il est aussi question de business à Monarka. En mai 2025, El Periodico indiquait qu'un chiffre d'affaires d'environ 1,5 million d'euros était espéré la première année et qu'il pourrait atteindre les 10 millions d'ici à 2030. Le quotidien rapportait également que de nouveaux établissements seraient inaugurés dans les prochaines années.
« On travaille sur les meilleurs protocoles possibles, car c'est un défi de mêler autant de spécialistes, éclaire Muigg. Mais oui, on regarde ailleurs, pourquoi pas à Madrid et dans d'autres villes européennes, parce que la clinique fonctionne très bien et qu'on a une grosse demande. Sachant qu'on a des investisseurs internationaux, cela aurait du sens. »
« La longévité, c'est la grosse mode », finit aussi par reconnaître l'expert financier. Les tarifs appliqués resteront, eux, un secret bien gardé. Sur le sujet, Muigg indique que l'établissement dépend du secteur privé et que les prix sont alignés sur ceux du marché. On l'interroge sur le coût moyen d'une consultation : « C'est difficile à estimer, répond-il. Certains traitements ne sont pas chers du tout, ceux qui concernent l'alimentation, par exemple. D'autres sont plus difficiles à trouver, dans le public comme dans le privé. » À Monarka, où des spécialistes de renom exercent, la promesse de « mieux vieillir » ne s'adresse pas au plus grand nombre.
L'Équipe