« C'est aussi un très jeune joueur » : Greenwood face au Havre, l'obscur avant l'éclair

Mason Greenwood est un drôle de joueur, agaçant parfois qui choisit souvent la solution individuelle, quitte à ignorer les invectives de ses coéquipiers, déroutant aussi qui trottine en se replaçant et qui erre sur le terrain les bras ballants, comme s'il se désintéressait de ce qui s'y passe quand il n'a pas l'objet de toutes ses attentions - le ballon - dans les pieds. Mais c'est également un talent indéniable, capable sur un geste, une prise de balle, un crochet, une accélération et une frappe soudaine de faire oublier toutes ces scories.
Face au Havre (3-1), samedi soir, l'ailier anglais a montré tous ces visages à la fois mais son but a tout emporté, forcément. Parce qu'il a redonné l'avantage à l'OM, mal en point depuis l'égalisation havraise, parce qu'il a marqué au terme d'un mouvement limpide qu'il affectionne en revenant sur son pied gauche (85e) et parce qu'il a laissé éclater sa joie rageuse face au parcage marseillais, lui qui est si souvent impassible. Ses coéquipiers ont vite accouru dans sa direction, et Quentin Merlin s'est même saisi de son maillot qu'il avait envoyé en l'air pour le brandir devant tous les supporters marseillais, qui célébraient ce but à coups de fumigènes rougeoyants.
« Il a passé quasiment deux ans sans jouer, il n'avait jamais lutté jusque-là pour se qualifier en Ligue des champions, et il a joué toute une saison dans la peau d'un titulaire »
Roberto De Zerbi, entraîneur de l'OM
Greenwood a profité de ce moment de manière très brève puisqu'il a été rapidement remplacé par Luiz Felipe (89e) sur décision de son entraîneur, Roberto De Zerbi, soucieux de renforcer sa défense, repassée à cinq joueurs pour la fin de match.
Mais l'entraîneur de l'OM a réussi son coup avant de jouer la sécurité : comme face à Lille (1-1), la semaine dernière, il a choisi de titulariser l'ancien attaquant de Manchester United dans le couloir droit tout en lui laissant assez de liberté pour rester une menace constante pour les adversaires. Il a régulièrement été suppléé par Adrien Rabiot dans les replis défensifs pour garder de l'énergie et il s'est montré dangereux essentiellement en première période.
À l'exception d'un bon centre pour Rabiot (10e), il a souvent privilégié la solution individuelle (21e, 23e, 29e) avant de s'éteindre au fil du match. Mais sur une action, Greenwood a encore une fois montré qu'il était un joueur différent, le deuxième meilleur buteur de Ligue 1 (19 réalisations). « Oui, c'est vrai et c'est aussi un très jeune joueur, a expliqué son entraîneur, en conférence de presse. Il a passé quasiment deux ans sans jouer, il n'avait jamais lutté jusque-là pour se qualifier en Ligue des champions, et il a joué toute une saison dans la peau d'un titulaire. C'est le reflet de notre saison, il y a eu trop de hauts et trop de bas, les défaites contre Auxerre (0-3), celle à Reims (1-3), mais il faut voir le Championnat dans son ensemble et toutes les équipes ont perdu des matches aussi. Il faut ajouter enfin que l'environnement à Marseille n'aide pas forcément, c'est pour cela que s'isoler, comme nous l'avons fait à Rome, ça peut servir. »
L'Équipe