Un bug informatique accuse à tort des milliers de postiers


Selon des chiffres publiés lundi par le gouvernement, plus de 1 milliard de livres (1,11 milliard de francs suisses) d’indemnités ont été versées à des milliers de responsables de bureaux de poste victimes d’un scandale retentissant au Royaume-Uni: entre 1999 et 2015, près d’un millier de responsables d’agences du Post Office, entreprise publique, ont été accusés de vol et poursuivis sur la base d’informations erronées d’un logiciel de comptabilité de Fujitsu, baptisé Horizon.
Des postiers ont dû rembourser les manques à gagner comptables faussement créés, entraînant pour beaucoup leur ruine. Certains ont été emprisonnés. Des milliers d’autres ont subi des erreurs du logiciel. En janvier 2024, une série diffusée sur la chaîne de télévision ITV, centrée sur le combat judiciaire de l’un des postiers, Alan Bates, avait replacé cette affaire au centre de l’attention.
Plusieurs condamnations ont depuis été annulées par la justice et une commission d’enquête s’est penchée sur ce scandale, décrit par l’ancien Premier ministre Rishi Sunak comme «l’une des plus grandes erreurs judiciaires de l’histoire» au Royaume-Uni. Selon les chiffres publiés lundi par le ministère du Commerce et des entreprises, «en date du 2 juin 2025, environ 1,04 milliard de livres ont été versées (par le gouvernement et le Post Office) à plus de 7300 personnes», sur plus de 11'000 réclamations.
Ainsi, 167 millions de livres (186 millions de francs suises) ont par exemple été versées à 416 anciens responsables de bureaux de poste, comme Alan Bates, qui avaient contesté avec succès en justice les poursuites lancées contre eux par l’entreprise. 245 millions de livres ont été payées à 463 autres, condamnés à tort avant d’être blanchis l’an dernier dans le cadre d’une loi dédiée, et 68 millions de livres ont été versées à 71 personnes condamnées puis innocentées par la justice.
Le directeur général du Post Office Neil Brocklehurst a salué ces paiements, ajoutant que «chaque semaine, de plus en plus de personnes reçoivent leur règlement final et peuvent commencer à regarder au-delà de ce chapitre douloureux de leur vie». Alan Bates, qui a été anobli en janvier par le roi, a critiqué le mois dernier le dispositif d’indemnisation, affirmant qu’on lui avait proposé un montant qui ne couvrait même pas la moitié de ce qu’il réclamait. Une commission parlementaire a également dénoncé début janvier dans un rapport la lenteur et la complexité du dispositif.
20 Minutes