« On est en train de se tuer » : les aides soignants de l’hôpital de Bayonne à bout de souffle

Jeudi 7 août, une dizaine d’aides soignants et des membres de la CGT se sont réunis en assemblée générale devant le Centre hospitalier de la Côte basque. Ils dénoncent une nouvelle fois les sous-effectifs chroniques de l’établissement de santé
« Vous en êtes où ? », demande une infirmière. « Toujours pareil… », répond sa collègue fatiguée. Depuis un an et demi, le personnel médical se plaint d’une situation de « sous-effectif » à l’hôpital de Bayonne. Avec la CGT, une dizaine de soignants se sont réunis devant le Centre hospitalier de la Côte basque pour demander à être entendus.
Selon les personnes mobilisées, les arrêts de travail s’enchaînent à l’hôpital. Mais les remplaçants ne seraient pas au rendez-vous. Conséquence : les aides soignants présents se relaient, sacrifiant leur santé et celle de leurs patients. « On sort de notre service en pleurant, parce qu’on n’a pas le temps de bien faire notre travail. On est en train de se tuer », s’alarme Marie, infirmière au pôle viscéral. « Dix minutes pour manger, pas le temps d’aller aux toilettes » et plus de vie de famille pour Juan, qui ce mois-ci a travaillé trois week-ends sur quatre.

Clara Ruffing/»SO »
Face aux plaintes à répétition, les infirmiers regrettent « le silence » de la direction de l’établissement et des médecins. « Il n’y a que les médecins qui ont dû pouvoir, mais ils sont indifférents », déplore Marina en retenant ses larmes. « Il y a quelques jours, un médecin m’a demandé de faire une chimiothérapie, explique Marie. Mais je n’ai ni les compétences, ni les équipements pour. »
« La SNCF arrête la France, mais nous, on ne peut pas »
En plus du sous-effectif des soignants, l’infirmière pointe le « turn-over des cadres ». « Ils ne nous connaissent pas. On est dévalorisés. Pour eux, on n’est que des numéros. »
Dégoûtés de leur métierUne situation qui entretient l’absentéisme du personnel. « Ils sont en train de nous dégoûter de notre propre métier, qu’on a choisi. À force, on a envie de jeter l’éponge. De dire : moi non plus, je n’ai plus envie de venir. » Un cercle vicieux pour Marina, infirmière au pôle vasculaire de l’hôpital. « La SNCF arrête la France, mais nous, on ne peut pas, affirme la soignante. Ils jouent avec la conscience professionnelle. Ils savent qu’il y aura toujours quelqu’un pour soigner. Car on ne va abandonner ni les patients, ni les collègues. »
Pour Marie-Pierre Etchebarne, secrétaire générale CGT pour l’hôpital de Bayonne, « il faut intervenir politiquement » : « Si ça continue, il y aura une fuite de personnel et des difficultés de recrutement. »
Contactée, la direction de l’hôpital n’a pas donné suite à nos sollicitations. Cependant, elle s’est justifiée auprès de « Sud Ouest » le 31 juillet dernier. Elle relevait l’absence non remplacée « d’une aide-soignante » et « deux infirmières à temps partiel thérapeutique ». Conséquence de la difficulté à recruter propre à la gériatrie.
La direction précisait également que la gériatrie n’entre pas dans les services où la direction appliquera le non-remplacement des postes vacants, selon le plan d’économies en cours d’élaboration pour résorber 21 millions d’euros de déficit.
Le 23 septembre prochain, lors d’une réunion du comité social et économique (CSE), la direction de l’établissement doit présenter aux partenaires sociaux un « plan de retour à l’équilibre ».
SudOuest