Les journalistes de «Challenges», en passe d’être racheté par Bernard Arnault, inquiets pour leur «indépendance éditoriale» et leur classement des grandes fortunes

Un rachat agréé sous certaines conditions. Si le géant du luxe LVMH du milliardaire Bernard Arnault s’empare, comme prévu depuis 2020, de l’hebdo Challenges, du mensuel Sciences et Avenir et du trimestriel la Recherche, il devra préserver «leur indépendance éditoriale», ont prévenu leurs journalistes ce lundi. Un «élément indispensable à la crédibilité et la qualité des titres concernés», poursuivent dans un communiqué commun les Sociétés des journalistes (SDJ) de Challenges et Sciences et Avenir-La Recherche ainsi que les représentants du personnel des éditions Croque Futur, qui publient ces magazines. Le groupe est détenu par le patron de presse Claude Perdriel, qui aura 99 ans fin octobre.
«La pérennité de marqueurs forts de ces titres, comme le classement annuel des 500 fortunes professionnelles de Challenges, devra être garantie», poursuivent les signataires du texte en s’adressant, sans le nommer, au «futur repreneur». Bernard Arnault et sa famille occupent la deuxième place de l’édition 2025 de cet influent classement portant sur la France. Leaders depuis 2017, la famille Arnault a été détrônée cette année par les héritiers Hermès.
Pour rappel, en 2020, LVMH était entré à hauteur de 40 % dans le capital des éditions Croque Futur, à qui il a notamment racheté le magazine Historia en 2023. Il était ensuite prévu que le géant du luxe rachète Science et Avenir-la Recherche. L’acquisition de Challenges s’est ensuite ajoutée aux négociations début septembre.
Si les discussions aboutissent, la cession aura lieu «au plus tard à la fin du premier semestre 2026», précise une communication interne à Croque Futur datée de début septembre. Dans cette perspective, les journalistes des magazines et les élus du CSE (comité social et économique) de Croque Futur veulent alors «affirmer plusieurs principes essentiels» dans leur texte commun. Outre l’indépendance éditoriale, ils réclament que «l’ensemble des emplois ainsi que les conditions de travail actuelles» soient «préservés». Ils insistent enfin sur «le respect des résultats de la recherche scientifique, dont la diffusion auprès du public est la raison d’être de Sciences et Avenir et La Recherche».
Dans les médias, LVMH détient déjà le groupe les Echos-le Parisien, qui comprend les quotidiens éponymes et Radio Classique. LVMH a aussi racheté cette année la totalité du quotidien libéral l’Opinion et du site d’actualité financière l’Agefi, dont il détenait déjà des parts. Ces dernières semaines, la rumeur de la vente du Parisien au groupe Bolloré a suscité l’émoi dans les rangs des journalistes, sans que la direction ne la démente formellement.
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