L’aire de camping-car à Salernes victime d’un coup politique

Ils avaient besoin d’exprimer leur "ras-le-bol". Le conseil municipal de Salernes a été soudainement suspendu par les élus d’opposition, mercredi soir. Après avoir pris la parole, les membres des groupes "Ensemble unis pour Salernes" et "Vivre ensemble à Salernes" ont quitté l’assemblée (1).
En conséquence, le quorum (fixé à 14 conseillers) n’était plus atteint. Et la séance a été levée.
Victime collatérale de cette manœuvre politique? La future aire de camping-car, dont les travaux, lancés le mois dernier par la Ville, touchent à leur fin, chemin de la Muie. Une douzaine d’emplacements sont en cours d’aménagement. La convention d’exploitation par la société Camping-Car Park, le règlement intérieur et les tarifs n’ont pas pu être approuvés.
Ils seront remis sur la table lors du prochain conseil municipal, lequel aura lieu mercredi prochain, à 18 heures. Cette fois, le quorum ne sera pas obligatoire.
Un sentiment de colère générale exprimé"De mémoire, c’est la première fois que les oppositions s’allient. Cette aire, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase", introduit Gérard Achenza, du groupe "Ensemble unis pour Salernes". Et d’expliquer: "Nous voulions surtout faire connaître notre sentiment de colère générale. Depuis l’ancien maire Cédric Dubois, nous sommes l’opposition invisible. Et ça perdure sous le mandat actuel de Marie-Laure Tortosa. chaque fois que l’on demande des détails sur des dossiers, on n’obtient que des excuses en bois pour ne pas les obtenir. Alors c’était l’occasion de se faire voir et entendre, mercredi soir. Quand vous vous dites chantre de la démocratie participative et que c’est finalement tout l’inverse, eh bien ça suffit!"
Rien de personnel, donc, vis-à-vis de l’aire de camping-car. Bien que Gérard Achenza ne soit pas totalement en accord avec le projet. L’élu d’opposition préfère sa proposition faite lorsqu’il s’était porté candidat pour briguer le fauteuil de maire en 2020: "C’était plus rentable et la convention que j’envisageais était de trois ans seulement."
La municipalité récupérera deux tiers des revenusLa Ville reconnaît volontiers s’en être inspirée pour proposer une alternative à l’aire déjà existante, située à côté du musée Terra Rossa. L’ex-premier magistrat l’a fait fermer, car située en zone inondable (2). "On ne peut rien en faire d’autre. Il avait été proposé de la déplacer au Pin Bernard. Mais ce n’est pas une bonne idée", retrace Nicolas Dani, premier adjoint et pilote du projet.
Le contrat d’exploitation actuel prévoit de durer cinq ans. La Ville devait le signer avec Camping-Car Park dans la foulée de son adoption en conseil, mercredi soir.
"C’est dommage. Nous regrettons ce petit coup de théâtre. Ça ne fait que retarder les choses", exprime l’élu en charge du tourisme. Il reconnaît ne pas avoir associé les élus d’opposition "aux détails". "Mais il faut dire aussi qu’ils s’opposent à tout. Alors on n’a plus envie de collaborer. "
La société gérera l’entretien de l’espace, le matériel, les installations et empochera un tiers des revenus. Les deux tiers restant iront dans les caisses de la commune. "On prévoit un amortissement des travaux effectués sous quatre ans, au maximum. C’est pour cette raison que le contrat doit durer cinq ans. Mais le but est de poursuivre évidemment avec Camping-Car Park, le premier réseau d’aires d’étape en Europe", précise Nicolas Dani.
Les tarifs – s’ils sont finalement adoptés – sont fixés à 15 euros les 24 heures et 6 euros le forfait pour la vidange. La municipalité indique s’être basée sur les prix moyens déjà pratiqués par la société. "Si on retire sa part et les charges, le coût de revient pour la Ville est de 7 euros", souligne le premier adjoint.
La majorité n’aspire plus qu’à faire tourner la boutique et vite, sans subir une nouvelle fois les affres d’une politique politicienne.
1. Daniel Juif, Gérard Achenza, François Sette et Frédérique Andrau pour "Ensemble unis pour Salernes" et Maurice Olivier pour "Vivre ensemble à Salernes".
2. Elle est à ce jour utilisée le dimanche comme parking pour le marché.
Var-Matin