« Les démons de nos barbaries ne nous laissent aucun répit » : Juliette Binoche ouvre le Festival de Cannes
« L’art reste, il est le témoignage puissant de nos vies, de nos rêves. Que le Festival de Cannes où tout peut basculer y contribue », a lancé la présidente du jury en préambule de cette soirée dédiée à l’Ukraine, mais aussi, par la force des choses, au conflit israélo-palestinien.
« Vous comprendrez peut-être pourquoi plus tard, je ne peux pas vous répondre maintenant », déclarait Juliette Binoche quelques heures plus tôt, lors d’une conférence de presse sur la Croisette. La présidente du jury de la 78e édition du Festival de Cannes était questionnée ce mardi 13 mai sur sa non-signature dans la tribune parue dans Libération dénonçant le « silence» du monde de la culture face au «génocide» à Gaza.
Un silence brisé par Juliette Binoche dès son entrée sur scène. Toute vêtue de blanc, la présidente du jury du festival a livré un discours politique mais rempli d’émotion. « Les artistes ont la possibilité de témoigner pour les autres et plus le niveau de souffrance augmente, plus le niveau d’implication est vital », a commencé par dire l’actrice, après avoir reçu une standing ovation.
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« Guerre, misère, dérèglement climatique, misogynie primaire, les démons de nos barbaries ne nous laissent aucun répit. Les otages du 7 octobre et tous les otages, les prisonniers, les noyés, qui endurent tous les jours la terreur sont dans un sentiment d’abandon. » La présidente du jury appelle à « guérir notre ignorance, lâcher nos peurs, changer de cap et redonner de l’humilité ». Dans « toutes les régions du monde les artistes luttent et font de cette résistance un art », ajoute-t-elle.
Juliette Binoche a poursuivi son discours en rendant hommage à la photojournaliste Fatma Hassouna, décédée le 16 avril dans sa maison située au nord de Gaza, frappée par les bombes israéliennes. « La veille de sa mort, elle avait appris que son film était sélectionné dans une sélection indépendante à Cannes. Fatma aurait dû être parmi nous. L’art reste, il est le témoignage puissant de nos vies, de nos rêves. Que le Festival de Cannes où tout peut basculer y contribue. »
Avant l’entrée de Juliette Binoche, le maître de cérémonie, Laurent Lafitte avait, lui, commencé par dédier cette cérémonie à Émilie Dequenne. Il avait poursuivi en rendant hommage aux acteurs engagés, avant d’enjoindre les autres à faire preuve de courage dans leurs prises de parole. Et de rappeler : « le Festival de Cannes est un temps profane où tous les cinémas sont les bienvenus. »
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