« Kylian », joue-la comme Mbappé

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Kylian Mbappé lors du match de barrage pour la troisième place de l’UEFA Nations League entre l’Allemagne et la France à Stuttgart, le 8 juin 2025. FRANCK FIFE/AFP
Critique Une écrivaine à la dérive veut exploiter le filon du joueur star. Une comédie bien sentie d’Anne Akrich sur le milieu littéraire qui présente pas mal de points communs avec celui du ballon rond ★★☆☆☆
Complètement hors jeu. Anne, écrivaine à la dérive qui tient plus de Sue Ellen que d’Eugène Sue tente de surnager financièrement en jouant les ghost writeuses : « Rescapé de la Shoah, scientifique, imprésario, rappeur, pianiste, champion d’équitation, négociateur du GIGN (…), j’étais une touche-à-tout des vies-qui-valent-la-peine-d’être-racontées. » Pas assez toutefois pour satisfaire son banquier. Une situation d’autant moins enviable que Jean, son ex-mari, jouit lui du glorieux statut de « Grantécrivain », grâce à des romans poignants comme « la Mansuétude des reptiles ». Comment rivaliser ? Quand son éditeur lui propose de devenir la prête-plume de Kylian Mbappé, Anne se dit qu’elle tient peut-être enfin l’occasion d’échapper au « dernier stade de la cloportitude » et de briller aux yeux de son fils Gabriel. Son père l’emmène en vacances à New York ? Elle va lui faire découvrir Bondy, ville où a grandi le footballeur prodige. Et bien sûr, ça va mal se passer.
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D’une plume alerte, avec un sens aiguisé de la phrase qui tue, Anne Akrich trousse une comédie bien sentie sur le sentiment d’échec et le milieu littéraire qui présente pas mal de points communs avec celui du ballon rond (le mercato, les agents…). A lire avec le même entrain que devant un match, « une bonne bière fraîche à la main, allongé tranquille dans un canapé ».
« Kylian », par Anne Akrich, Gallimard, 280 p., 20 euros.
Le Nouvel Observateur