Défaite du Conseil fédéral : le Tribunal administratif fédéral déclare irrecevables les réductions de bonus pour les dirigeants du Credit Suisse


Il s'agit d'une décision d'une portée symbolique : le 23 mai 2023, deux mois après le rachat d'urgence du Credit Suisse (CS) par UBS, le Département fédéral des finances (DFF), sur mandat du Conseil fédéral, a annulé ou réduit les bonus en suspens d'environ 1 000 dirigeants du CS. Les membres des trois plus hauts niveaux de direction de CS ont perdu entre 25 et 100 pour cent de leur rémunération variable en cours d'un seul coup. Le volume des bonus réduits s'élève à 62 millions de francs.
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Le Conseil fédéral a voulu montrer qu'il demanderait rapidement des comptes aux dirigeants des banques. Apparemment, il manquait cependant d’une base juridique suffisante pour agir ainsi. Le 31 mars 2025, le Tribunal administratif fédéral a jugé que la réduction de la rémunération variable ordonnée par le DFF était illégale. Cela ressort clairement du jugement. Le tribunal a ainsi largement accueilli la plainte conjointe de douze responsables de CS.
Atteinte injustifiée à la garantie de propriétéLe Tribunal administratif fédéral considère les primes réduites comme des « créances garanties de manière contraignante découlant d’un contrat de travail ». Ceux-ci sont protégés par la garantie de propriété prévue par la Constitution fédérale. Selon le tribunal, l'article 10a de la loi sur les banques, sur lequel le Conseil fédéral s'est appuyé dans sa décision, ne fournit pas de base pour une intervention aussi drastique. La mesure – c’est-à-dire la réduction – aurait été autorisée au plus pendant la période pendant laquelle CS a demandé une aide d’État.
Cependant, étant donné que toutes les aides d'État dans l'affaire CS – la garantie de perte pour UBS et l'aide de liquidité avec garantie de défaut du gouvernement fédéral – ont pris fin le 11 août 2023, la base juridique de la réduction des bonus est également devenue invalide. Le FDF n'avait pas le pouvoir de réduire définitivement les primes au-delà de la durée de l'aide de l'État.
Le Tribunal administratif fédéral aurait critiqué les arguments de l'EFD et de l'UBS, qui justifiaient les réductions de bonus en invoquant la responsabilité des dirigeants concernés dans l'effondrement du CS. Selon le tribunal, la question de la responsabilité des dirigeants concernés est juridiquement sans pertinence. De plus, le gouvernement fédéral n’a pas été en mesure de prouver une quelconque faute de la part de l’un des douze gestionnaires plaignants.
Selon les informations de la NZZ, certains des plaignants travaillent toujours pour UBS. En moyenne, leurs primes ont été réduites d'environ 60 000 francs. La décision n'est pas encore juridiquement contraignante : les observateurs supposent que le gouvernement fédéral et UBS feront appel de la décision devant la Cour suprême fédérale.
Un jugement à effet de signalSelon les milieux juridiques zurichois, la décision du Tribunal administratif fédéral dans l'affaire des bonus CS pourrait également avoir un effet de signal pour les procès en cours contre la dépréciation des obligations AT1 du Credit Suisse d'une valeur de 16 milliards de francs en mars 2023. À cette époque, des milliers de détenteurs de titres de créance subordonnés ont subi des pertes totales. Plus de 300 personnes ont déposé plainte contre l'ordonnance controversée de l'Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma), dans le but de récupérer au moins une partie de leur investissement.
Bien que les bases juridiques soient différentes, dans les deux cas, les autorités refusent aux personnes concernées le droit de déposer une plainte, c'est-à-dire le droit de faire appel d'une décision d'une autorité. Selon des sources bien informées, la décision dans l'affaire des bonus CS renforce les chances que les investisseurs d'AT1 soient reconnus comme partie. Il reste toutefois à voir si le tribunal tranchera également en leur faveur sur le fond de l’affaire.
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